Une exposition de Jacques Boesch avec Jacques Coulais, AMI, Carine Bovey, Maya Kaadan, Maro Michalakakos, Marin Raguz, Julien Serve et Éric Winarto.

Tant d’écrivains ont parlé du bleu, ou l’ont chanté, de Goethe à Maggie Nelson en passant par Pastoureau, de Domenico Modugno à Joni Mitchell en passant par Charles Trenet et sa bergère azur… et tant d’artistes on travaillé – inventé – cette couleur. Yves Klein disait que « Le bleu n’a pas de dimension, il est hors dimension, tandis que les autres couleurs en ont » ; ou encore : « toutes les couleurs amènent des associations d’idées concrètes tandis que le bleu rappelle tout au plus la mer et le ciel; ce qu’il y a de plus abstrait dans la nature tangible et visible. »

Jacques Boesch a consacré au bleu une grande partie de sa production artistique. Le bleu, les bleus de Jacques Boesch sont poésie pure. Peintures, photographies, textes, installations, livre d’artiste… tout chez Jacques Boesch nous parle du bleu. Pendant des années, Jacques Boesch a travaillé pour les autres, que ce soit en politique, ou dans l’ « Art à l’Hôpital », aux HUG et à Belle Idée. Depuis quelques années, il est « ailleurs », selon ses propres termes, dans un azur de concentration, de travail, de sérénité, de discipline créative. Pas un jour où l’aube bleue ne se lève sans qu’elle le trouve au travail. Pour 50 nuances de Bleu, Jacques Boesch est aussi bien artiste que commissaire d’exposition, poète qu’organisateur, ange gardien de la galerie, tous les jeudis après midi de l’été, que conférencier… il présente toute une série d’oeuvres qui donnent autant à penser qu’à rêver.

De Jacques Coulais, peintre mythique, tétraplégique, qui inventa une nouvelle manière d peindre, avec les roues de sa chaise roulante, la « chaise des utopies » comme il l’appelait, nous montrons ses travaux sur papier, dont la légèreté contraste absolument avec la pénibilité du travail, le poids de la chaise et le poids du corps, ce corps malade, inamovible, souffrant, à quelques semaines de sa dissolution. Des traces comme des plumes, comme une écriture japonaise, comme des haïkus – ou quand la légèreté est élue comme seule réponse possible au poids des souffrances. Ces travaux sur papier, Jacques Coulais les a réalisés pour Barbara Polla. Barbara désirait ardemment que Jacques peigne encore. Et dans le cadre des conversations qui lièrent Jacques Coulais et Barbara Polla, elle lui parlait de peinture avec le corps, et du désir de bleu.

AMI, qui signait toujours de ses initiales (Anne-Marie Imhoof), a donné son nom à l’Atelier AMI, son ancien atelier de peinture qui, pendant l’été 2019, accueillera, en partie 50 nuances de Bleu – ainsi que certaines de ses propres oeuvres.

Carine Bovey, jeune peintre genevoise, s’est quant à elle transformée en Michèleange et a peint sur le plafond de l’Aparté des saints en forme de seins et autres merveilles.

Maya Kaadan, créatrice de la ligne 8.02, diplômée de la HEAD, qui a déjà plusieurs fois exposé à Analix Foreverr, raconte : « In my dreams I saw her in a blue dress ». Maya, welcome back.

Maro Michalakakos, célèbre pour ses oeuvres sur velours, pourpre essentiellement, propose pour la circonstance l’un de ses rares velours bleus. Marin Raguz montre l’exceptionnelle vidéo qu’il a réalisée sur Jacques Coulais, un documentaire d’art réalisé par un artiste à propos d’un artiste… https://jacquescoulais.wordpress.com/bibliographie-et-videographie/

Pour Julien Serve, le bleu est la couleur de la mémoire. Julien Serve a ainsi réalisé des portraits de son grand-père, intitulés 29783 +1 – 29783 traits de crayons pour les 29783 jours de la vie du grand-père ; +1 qui fut le jour nécessaire à réaliser ce travail de virtuose. Pour ce faire, l’artiste projette l’image de son grand-père sur la feuille ; puis se photographie, en train de dessiner. Le visage du grand-père apparaît alors sur la main de l’artiste au travail, en une émouvante transmission trans-générationelle, au-delà de la mort, entre le grand-père et le petit-fils, entre celui qui inspire et celui qui fait revivre. Le dessin « s’anime », les photographies se teintent de bleu. Mais pour le dessinateur, le bleu est aussi la couleur de la lune, de la nuit que ses mains traversent quand il dessine jusqu’à l’aube…

Quant à Eric Winarto, faut-il rappeler que le bleu s’est infiltré dans son oeuvre pour devenir vite essentiel. Son exposition aux Halles de l’Île rayonnait des feux de la lumière noire – c’est-à-dire, bleue comme la nuit sait l’être – une exposition qui fut, pour Barbara Polla, la première rencontre en profondeur de son oeuvre. Dans les profondeurs du bleu. Ce fut aussi sa première performance artistique…

Jacques Boesch, Bleu filigrane

50 nuances de Bleu
Galerie Analix Forever
samedi 6 Juil 2019 au dimanche 25 Août 2019

Galerie Analix Forever
Rue du Gothard 10
1225 Chêne-Bourg
Suisse

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