Les dessins de mounir fatmi, s’ils restent encore confidentiels, sont fondateurs. Car si l’artiste est connu et largement reconnu pour ses grandes installations, ses sculptures et désormais aussi pour ses vidéos et ses photographies, il dessine depuis toujours. Non seulement il dessine depuis toujours – certains dessins datent de 1995, 1996 et si l’artiste, souvent saisi par l’autocritique, en a éliminé un grand nombre – mais ceux qui restent, particulièrement précieux, nous parlent des thèmes fondamentaux du travail de mounir fatmi : les ciseaux, la coupure, celle du cordon ombilical, de la langue et du langage; l’amputation, la rupture culturelle, la nécessité de refaire lien pour survivre ; la greffe enfin, physique, corporelle, culturelle. fatmi: «On y trouvera un corps mutilé, composé, recomposé, comme une apparition; un corps sans jambe, une jambe dans un autre dessin, et un cordon ombilical qui relie les corps ; beaucoup de détails que l’on retrouve dans mes vidéos.»
L’association des trois couleurs rouge, blanc et noir est typique du dessin de mounir fatmi et tend à former un code chromatique à la fois symbolique et émotionnel. Rouge: le lien; blanc: l’oubli; noir: l’espoir de donner une forme au moins provisoire à des apparitions graphiques instables et fragiles, parfois proches de l’évanescence: ainsi, dans Animation (une série de dessins initiée en 1998), de fines silhouettes de cigognes migratoires et divers noms de pays se superposent à des séries de courbes et de boucles telles des câbles ou des cordons ombilicaux. Rouge, blanc et noir.
Depuis 2015, fatmi reprend une activité intense de dessin, autour de certains de ses thèmes de travail essentiels: la migration, l’exil, l’identité, le corps, notamment avec la série L’Île des racines. Les séries Tout est connecté et White Matter sont également des matérialisations des obsessions de fatmi: la fragilité, les liens, les connexions, notre cerveau… la matière blanche transmet les impulsions nerveuses et propage des informations dans le système nerveux; la myéline qui entoure les axones est responsable de la conduction rapide du signal électrique. White matter fait déjà l’objet d’un livre: le livre, si fragile, si multiple, lui aussi fondamental pour mounir fatmi et qui transmet les informations depuis qu’existe l’histoire humains.
Le dessin est la base de tout, affirmait Giacometti; fatmi, lui, nous dit que le lien est la base du dessin, ce lien qui perpétue l’espoir, grâce au crayon.

Openings Friday November 29th, 6-10pm
Saturday November 30, noon-8pm
Sunday December 1, 11am-5pm (brunch)
curator: Barbara Polla


KEEPING FAITH, KEEPING DRAWING
Galerie Analix Forever
vendredi 29 Nov 2019 au vendredi 31 Jan 2020

Galerie Analix Forever
Rue du Gothard 10
1225 Chêne-Bourg
Suisse

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