Artistes libanais: Hala Ezzeddine
Hala Ezzeddine peint principalement des portraits d’enfants qu’elle a appris à connaître alors qu’elle enseignait le dessin dans une école publique d’Arsal, sa ville natale. Située dans la région du Bekaa, proche de la Syrie, cette ville accueille un bon nombre de réfugiés syriens. Les classes sont d’ailleurs composées majoritairement d’étudiants ayant traversé la frontière depuis l’irruption de la guerre dans le pays. A mi-chemin entre le réalisme et le modernisme, les toiles font émerger des personnages d’un paysage chaotique. Le sujet et le décor se chevauchent de manière harmonieuse, rendant leurs frontières floues. Cela crée une abstraction mouvementée, mettant en avant le visage de l’enfant qui, quant à lui, reste figuratif. Y a-t-il une volonté d’ancrer le personnage dans son environnement, comme s’il ne formait plus qu’un? On retrouve aussi cette idée dans les dessins d’Hala Ezzeddine. Bien que les touches semblent aspirer vers l’arrière, les visages des enfants demeurent au premier plan. On ressent l’envie d’exister, de vivre malgré le chaos qui les entoure.
Le chaos, Hala Ezzeddine ne sait que trop bien le représenter. Pour preuve, dans l’une de ces dernières toiles A Storm in Beirut (2021), il est représenté dans toute sa splendeur, aussi triste soit la situation. En effet, la représentation du port de Beyrouth ravagé cette fois-ci par l’explosion du 4 août 2020 met en lumière le dysfonctionnement du pays. L’artiste a d’ailleurs quitté le Liban durant cette période et a trouvé quiétude à la résidence de la galerie Analix Forever. Elle y a dessiné quelques portraits et peint quelques toiles représentant la capitale du pays du cèdre. L’explosion, elle la peindra plus tard. Il faut du temps pour digérer et comprendre ce qui vient de se passer. C’est en 2021, de retour à Beyrouth, qu’elle peint A storm in Beirut qui trouve parfaitement sa place dans l’exposition Peinture à l’eau. L’eau, on l’aperçoit au loin, entre les obliques formées par les barres de fer, soulignant l’ampleur du désastre. Cette eau au centre de la toile, seul élément aux traits horizontaux peints avec douceur, évoque peut-être une lueur d’espoir.
Hala Ezzeddine est représentée par la galerie Saleh Barakat à Beyrouth
http://salehbarakatgallery.com/
Instagram: @halaezzeddine
Exposition collective:
A découvrir jusqu’au 2 février 2022 à la Galerie Analix Forever
Rue du Gothard 10
1225 Chêne-Bourg
https://analixforever.wordpress.com/