Du jardin secret aux jardins célestes

par 7 avril 2019Art contemporain

On dit souvent qu’une image parle bien plus que des mots, mais sur les nouvelles toiles de Crystel Ceresa, ce sont les mots qui créent l’image. Plongée dans l’univers personnel et poétique de l’artiste suisse, pour un voyage entre ciel et terre.

Deux série d’oeuvres se côtoient dans ce nouvel accrochage au Club d’Art Contemporain de Lausanne. Nous sommes intrigués en premier lieu par ses colorfields. Sur la toile, les mots se bousculent, créant des rythmes colorés. Ce bruit typographique, serait-il cadencé par la musique qu’écoute l’artiste lorsqu’elle peint?
Au loin, les mots semblent esquisser des reflets à l’image des Nimphéas de Monet. Ils créent ainsi un paysage abstrait, tel un jardin secret. D’ailleurs ces mots fonctionnent comme un journal intime, dont on aurait gardé uniquement l’essentiel. Les mots sont répétés, martelés. Ils forment le miroir de l’humeur de leur créatrice. Ils reflètent ses pensées sur plusieurs années, comme dans California Rose dont la création a débuté en 2009 et s’est poursuivie jusqu’en 2014, pour être finalement encore modifiée en 2019.
Les mots se superposent, ils semblent parfois perdus dans une brume, ce qui donne une impression de profondeur. Cette superposition rappelle les différents plans présents dans les oeuvres impressionnistes. Ici, la perpective est déstructurée comme si nous nous trouvions dans un nuage.
California Rose, 209-2014, 2019.
Perséides, 2019.
Entrepic Desire, 2019.
Super Heroes, 2019
Sylphes, 2019
Sylphes, 2019
Morning Melody, 2019
Cette impression de flotter entre ciel et mer, nous la retrouvons dans la série Perséides. Le fond aux camaïeux froids est le fruit d’une prise de vue sous marine, sur laquelle est superposé un motif blanc évoquant les Perséides, des essaims de météore. Cette poudre d’étoiles filantes semble danser au dessus de l’océan. Les couleurs et motifs peuvent aussi nous évoquer des algues ou des végétaux.  
Nous sommes comme transportés dans un jardin céleste à la végétation cosmique. Après tout, l’Eden ne se situe-il pas dans les cieux?

 

Jusqu’au 4 mai

au Club d’Art Contemporain
Rue des Côtes-de-Montbenon 3
Les Garages 7. Flon
1003 Lausanne. Suisse

Partagez cet article:

Plus d’articles

Tami Ichino, vibrations poétiques

Tami Ichino, vibrations poétiques

Chez Tami Ichino, les sujets perdent leur signification initiale et deviennent une notion poétique. Dans un second niveau de lecture, ils narrent des histoires personnelles suspendues dans le temps dont l’esthétique est empreinte d’un imaginaire calme et silencieux.

L’image du jour : Ilénia and Erwan de Phinn Sallin-Mason

L’image du jour : Ilénia and Erwan de Phinn Sallin-Mason

Chez Phinn Sallin-Mason, les caractéristiques attribuées aux genres s’inversent et rendent leurs frontières floues. L’artiste, effectuant actuellement un bachelor en photographie à l’Ecal, aime brouiller les pistes et amène à nous interroger sur les constructions sociales qui nous enferment dans des rôles bien souvent stéréotypés.

Anima Mundi, le vernissage

Anima Mundi, le vernissage

Si l’âme du monde devait prendre forme sous nos yeux, on espérerait qu’elle charrierait la beauté de l’humanité, qu’elle serait porteuse d’un espoir dont nous avons plus que jamais besoin. Les artistes Philippe Fretz, Michael Rampa et Jérôme Stettler se sont penchés sur des thèmes universels en créant un dialogue ouvert entre leurs œuvres. Retour sur le vernissage du 1er juin.