Forever Young
Vendredi passé, la galerie Analix Forever a eu le plaisir de présenter les dessins des étudiants de Pascal Berthoud, artiste Suisse et professeur à la HEAD. Le temps d’une soirée, l’exposition Forever Young – drawing – thinking nous plonge dans des univers tout aussi riches que divers, avec pour seul point commun la fraîcheur et une certaine innocence.
Cette initiative de Pascal Berthoud ne pouvait pas mieux tomber, car le dessin est un médium de prédilection de la galerie. De plus, il entrait parfaitement dans le programme de Forever Livre qui permet à un artiste de présenter une œuvre en lien avec l’écriture et de créer son premier ouvrage en collaboration avec une maison d’édition. Depuis des années, Analix Forever publie des essais mais aussi un bon nombre de monographies.
Mais revenons au dessin. Il est rare de pouvoir découvrir les œuvres de jeunes artistes en pleine construction. Souvent, ce que l’on découvre dans les galeries est le fruit de longues années de travail, la partie visible de l’iceberg en quelque sorte. Néanmoins, les premiers travaux augurent souvent le reste de la production artistique. Ils sont d’ailleurs souvent libres de toute influence et décèlent une certaine pureté de la pensée. Oui, car dessiner c’est penser, c’est construire un univers, d’où le titre de l’exposition Drawing Thinking. Forever Young fait quant à lui référence au groupe de musique Alphaville.
Pour cette exposition, chaque étudiant a dû nous livrer sa vision du repentir. Il peut s’agir d’une chute, d’un instant d’inattention comme chez Melissa Steenman ou d’une erreur comme chez Juliette Monnier, qui aborde le thème du tatouage par le prisme du regret. Pour certains, le repentir s’approche plus du purgatoire. C’est le cas chez Geoffroy Clop, où les protagonistes sont dévorés par des créatures infernales ou encore chez Finn Massie, dont les dessins ”au trait” représentant des cathédrales déconstruites font référence aux scènes de flagellation, très présentes dans la peinture religieuse. Chez Candice Guisset, le repentir se traduit par les émotions humaines tandis que pour Eva Risa, c’est la notion de justice qui matérialise au mieux ce thème, jouant avec des formes en équilibre qui sont non sans rappeler les constructions géométriques d’Alessandra Ghiazza. De son côté, Sam Massard symbolise le sentiment par des plantes malmenées. Une notion d’écologie qu’on retrouve également chez Victoire Poinsot Girma, où végétation et fragments de corps tentent de se reconstruire.

Victoire Poinsot Girma
Effleurer, 2023,
Acrylique et feutre sur papier,
84 x 44, 5 cm

Geoffroy Clop
Laoclown, 2023,
Crayons et aquarelle sur papier,
29,7 x 42 cm

Finn Massie
Sans titre, 2023,
Encre sur papier,
50 x 70 cm

Alessandra Ghiazza
Sans titre, 2023, Crayons,
eco-gouache, aquarelle sur papier coloré,
42 x 29,7 cm

Juliette Monnier
Carpe Diem, 2023,
Crayons de couleur,
59 x 42 cm

Melissa Steenman
Jardin d’hiver #3, 2023,
Crayons, néocolors et aquarelle sur papier,
42 x 29,5 cm

Massard
Sans titre, 2023,
Techniques mixtes sur papier,
72 x 59,5cm

Eva Risa
Sans titre, 2023,
Aquarelle sur papier,
60 x 30 cm

Candice Guisset
Sans titre, 2023,
Marqueur noir sur papier,
29,5 x 35 cm

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