From Ashes to Dust
Pour cette rentrée caniculaire, la galerie andata ritorno est heureuse de présenter From Ashes to Dust, la nouvelle exposition personnelle de Christine Boillat. Ses mystérieux paysages dessinés au fusain augurent une catastrophe naturelle sans précédent. Dans une atmosphère à la fois irréelle et tangible, l’artiste nous plonge dans une féérie funeste.
Christine couche sur le papier des images sorties tout droit de son imagination avec des éléments bel et bien réels. Avec ses oxymores graphiques, le féérique côtoie le chaos dans une parfaite harmonie, apportant à ses dessins une dimension aussi onirique que cauchemardesque. Qu’il s’agisse de silhouettes humaines dont on peine à distinguer le visage ou d’insectes communs, les êtres semblent suspendus dans le temps. Chez Christine Boillat, l’imaginaire est toujours lié au réel. Pour elle, c’est un moyen de le rehausser, comme dirait Bachelard. Ainsi, les esquisses de l’artiste insufflent différents niveaux de lecture. C’est le cas avec la figure de la tente que l’on retrouve au fil des années dans son œuvre. On peut y déceler des liens avec l’actualité, car les problématiques liées à l’exode et la migration l’ont toujours touchée, mais aussi une mise en abyme de l’artiste qui se réfugie dans l’art.

Arghavan Khosravi, The garden, 2022
Dans ce nouvel accrochage, la tente, très présente dans la série Edgeland prend du volume pour devenir un dessin en trois dimensions. Christine Boillat utilise ce mot anglais désignant une zone périphérique de la ville, un endroit reculé où la végétation est abondante avec peu de signes de civilisation visibles, pour parler d’une frontière entre plusieurs mondes. Ainsi, on se trouve au croisement entre le rêve et la désillusion. Cette dernière se matérialise notamment dans l’installation From Ashes to Dust (2023), ramenant ses habitants à la dure réalité de la vie. Les deux dessins monumentaux encerclant cet abri de fortune peuvent également évoquer les tumultes de l’existence auxquels nous sommes tous soumis, avant que les cendres de notre passage terrestre s’évaporent dans les cieux, devenant ainsi poussière.
Ici, tout se mélange, il n’y a plus de distinction entre les nuages, les arbres et la montagne, si ce n’est que quelques apparitions de mélèzes, conférant une certaine verticalité dans l’œuvre de l’artiste. D’ailleurs, ses dessins monumentaux possèdent une configuration extrêmement longiligne, car il s’agit de rouleaux qui se déploient sur plusieurs mètres. De cette manière, la puissance de l’orage ou de l’incendie est amplifiée.
Comme à l’accoutumée, l’artiste nous entraine dans un univers peuplé de créatures aux airs de palafittes humains, perchés sur des échasses afin de fuir un incendie qui les menace inéluctablement. Dans cette ambiance post-apocalyptique empreinte de poésie, on devine les ruines d’une civilisation par quelques vestiges subsistant dans un paysage sylvestre. Le feu, qui a ravagé les forêts ces dernières décennies, les transforme en brume céleste. Des humains, il ne reste que l’ombre de leurs visages se fondant dans une nature fantomatique. Face à une réalité manifeste, le spectateur n’a pas d’autre choix que de s’échapper dans les réminiscences du chaos.
Jusqu’au 7 octobre
Andata Ritorno
Rue du Stand 37
1204 Genève
+41 22 329 60 69
http://www.andataritornolab.ch/


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