Hymne à l’amour
Il y a des moments où le hasard fait bien les choses, où les rencontres fortuites nous mènent à de fructueuses découvertes. Lors d’une escapade sur le quai d’Orsay, les œuvres de Mariam Haji ont tapé dans l’œil du Chat Perché. Coup de foudre immédiat! L’univers de l’artiste originaire du Bahreïn est une véritable ode à l’amour.
Vivons heureux, vivons cachés! L’exposition Taking a chance on love déborde de douceur et de sensualité. Dans des tonalités chaudes, parfois acidulées, on pénètre dans la vie sentimentale de l’artiste. Le thème de ses derniers travaux sont à la fois intimes et libérateurs. Il tourne essentiellement autour de la féminité et du désir. Mariée à un finlandais suédophone, elle vit actuellement à Helsinki mais n’en oublie pas ses racines orientales. Dans son pays natal, son travail plus académique est d’ailleurs très apprécié. Pour preuve, Liberty (2017), un dessin monumental, fait partie des meubles de l’ambassade du Bahreïn à Paris, un clin d’œil à Delacroix, où la Marianne est personnifiée par l’artiste. Contrairement à d’autre artistes, elle n’est ni dans la confrontation, ni dans la provocation. Sa culture fait profondément partie d’elle et elle souhaite atteindre une harmonie entre les traditions et la vie moderne. Elle souhaite vivre avec son temps et approfondir sa pratique artistique en adéquation avec ses origines. Une question tout à fait actuelle dans le monde oriental d’aujourd’hui. C’est pour cela qu’elle choisit d’exposer ses œuvres touchant le plus à l’intimité uniquement en Europe.
La naissance Le fil rouge qui relie les œuvres exposées est nul doute l’amour. Il émane de chaque pièce de manière latente, comme une pulsation. Avec ses petites figurines en porcelaine, elle narre les moments clefs de sa vie comme dans The Day my Water broke, ou l’on peut admirer son corps cerclé de plumes bleues et deviner une goutte d’eau sortant de son intimité. Elle nous confie que la perte des eaux était comme une libération pour elle. Elle s’est sentie tout de suite plus légère après, c’est pour cela qu’elle a voulu illustrer ce sentiment avec des plumes.
L’amour en 24 heure Saviez-vous qu’il y a 24 mots pour dire amour en arabe? CQFD avec Clock with 24 words for love in Arabic, une horloge dont les aiguilles ont été substituées par la silhouette de l’artiste et de son mari nus, habillés d’un duvet aux allures de nuage. A la place des chiffres sont calligraphiés les 24 mots représentant l’amour. On imagine la danse de leurs ébats représentée par le mouvement saccadé du déplacement des aiguilles, les corps s’attrapant, puis se séparant dans un mouvement rotatif, s’escrimant à vouloir représenter toutes les nuances du mot amour.
Clock with 24 words for love in Arabic
Comme sur un petit nuage Une autre caractéristique des personnages de l’artiste est que les corps nus sont habillés de duvet à l’apparence de nuage. Il évoque à la fois le lit et les songes. Une manière poétique de mettre en scène la nudité, en symbolisant les nuages par un duvet, laissant entendre que les protagonistes sont vêtus d’air ou sinon de rien. Une des œuvres marquantes, Taking a chance on Love, met en scène la dualité des sensations illustrant un sentiment. On aperçoit des jambes sortant d’un duvet avec pour fond un nuage atomique. L’artiste a voulu représenter à la fois le côté relaxant d’être au lit, mais en même temps la tension sexuelle que l’on éprouve avant de passer à l’acte. Une belle métaphore de l’excitation.
Taking a a chance on Love, à découvrir jusqu’au 2 Octobre au Pavé d’Orsay.
Le Pavé d’Orsay 48 Rue de Lille 75007 Paris France
Ouvert tous les jours de 13h à 18h (sauf mercredi et dimanche)