Qu’est-ce qui est petit, jaune, ludique et qui procure du plaisir? J’ai nommé le canard en plastique. Sous ses airs innocents et son sourire figé, le petit canard n’arrête pas de faire parler de lui. Initialement conçue en caoutchouc, la figurine ne pouvait pas flotter, mais était plutôt utilisée comme un jouet à mâcher ou comme un instrument de chasse. Breveté en 1886 par George H. Nye, le canard doit sa création à l’invention du caoutchouc vulcanisé par Charles Goodyear à la fin du XIXe siècle. C’est en 1940 que le sculpteur américain d’origine géorgienne
Peter Ganine crée une sculpture de canard, qu’il fait alors breveter. Le jouet de bain flottant est produit et vendu à plus de 50 millions d’exemplaires. Popularisé dans les années 1970 grâce à l’émission Sesame Street, le canard prend vie dans les mains de la marionnette Ernie, qui lui consacre même une chanson: Rubber Duckie. Le palmipède connaît alors une popularité qui pousse un nombre toujours plus important de personnes à le collectionner sous toutes ses formes et qui conduit même le Guinness Book à créer une nouvelle catégorie. Mais il ne s’arrête pas là ! Depuis quelques années, il s’invite dans le bain de ces dames. En effet, le fabricant allemand de sextoys Fun Factory le commercialise sous forme de stimulateur clitoridien. Ce petit oiseau n’a pas fini de nous amuser!

LA CONSÉCRATION

La référence la plus remarquable au petit canard vient sans aucun doute de Rubber Duck (2007), une installation gonflable monumentale de l’artiste néerlandais Florentijn Hofman. Plusieurs versions de cette sculpture seront exposées à travers le monde. En créant cette œuvre, le plasticien magnifie la culture populaire. S’inspirant, après une visite dans un musée, d’une pub célèbre en 2001 aux Pays-Bas pour des yaourts, Hofman cherche la forme parfaite pour un jouet en forme de canard. Il jette son dévolu sur le design d’un canard de la société Tolo Toys à Hong Kong. C’est d’ailleurs la société de yaourts Yogho !Yogho ! qui a financé son travail.

DUCK SAVES THE QUEEN !

En 2001, le tabloïd britannique The Sun a rapporté que la reine Elizabeth II avait dans sa salle de bains un canard en caoutchouc portant une couronne gonflable. L’animal aurait été repéré par un ouvrier qui repeignait la pièce en question. Une anecdote qui a entraîné une augmentation de 80% des ventes de canards en caoutchouc au Royaume-Uni pendant une courte période.

VILAIN PETIT CANARD

Depuis mars 2018, le joujou est en proie à de vives critiques. Selon des chercheurs suisses et américains, le vilain petit canard contiendrait dans ses entrailles des bactéries et des champignons. Le fait d’immerger cet objet en plastique dans nos bains multiplierait les risques d’infections. Tous les canards étudiés par ces chercheurs comportaient en effet des champignons et 80% d’entre eux avaient développé des germes potentiellement pathogènes, comme des légionelles et des bactéries très résistantes. En plus de son manque de salubrité, le canard en plastique contiendrait un PVC cancérigène, ce qui n’a pas manqué de susciter une controverse en 1998.