Martin Hyde fait son cinéma!
S’il fallait résumer Martin Hyde en un seul mot, nulle hésitation, il faudrait choisir « authentique ». Dans un univers fantasmagorique teinté d’humour, l’artiste sait faire dialoguer comédie et mythologie.
Depuis plusieurs années, on connaît surtout le travail céramique de l’artiste canadien. Ses divers objets de porcelaine ont un point commun : ils sont ornés de figures stylisées empreintes d’humour et d’érotisme. Chez Martin Hyde, le dessin est la base de tout, lui permettant de raconter des scènes loufoques tout droit sorties de son imagination débordante.
Et action!
Si l’on se penche sur le travail de l’artiste, on notera qu’il est le fruit de plusieurs narrations qui s’entremêlent et se rejoignent. Hyde a commencé par étudier dans une école de cinéma à Ottawa, sa ville d’origine, car il aspirait à devenir réalisateur. En parallèle, il peignait tous les jours dans son atelier. Cette pratique ne l’a d’ailleurs jamais quitté. Sa passion pour le cinéma non plus, car il regarde en moyenne trois films par jour. Son genre de prédilection reste l’horreur, où le corps est au centre de tout. « Le corps pour le corps, pas pour la tête. », comme il aime souvent le répéter. En effet, ses plus grandes inspirations cinématographiques restent David Cronenberg et Harmony Korine.
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Mise en scène immersive
Durant toutes ces années, l’artiste s’est créé un univers inspiré par la divine comédie de Dante, où il fait dialoguer la peinture, le dessin, la vidéo et la céramique. Il aime également construire des installations immersives, comme on a pu le découvrir au Motel Campo en 2011 avec Vulgaria-hell-O-quantia. Entièrement composée de cartons bruns, cette installation dystopique s’étendait sur 200 m2, réinterprétant ainsi les neuf cercles de l’Enfer de la Divine Comédie.
Des Ménades aux Looney Tunes
Martin Hyde s’intéresse depuis toujours à la mythologie gréco-romaine. On le perçoit surtout dans ses œuvres céramiques, dont les dernières en date sont une série de robes composées d’éléments en porcelaine et de ballons en verre soufflé. L’artiste incorpore des personnages de la culture populaire comme les Looney Tunes à des récits plus anciens. D’ailleurs, on retrouvait toujours dans ce cartoon des objets magiques de la mythologie grecque. L’artiste les a matérialisés dans son installation Héphaïstos, dieu de la forge et du feu, à l’Usine Kugler. Dans cette œuvre, il s’est intéressé aux Ménades, qu’il personnifie par des robes en céramique.
On retrouve souvent des connotations érotiques dans le travail de l’artiste. Il faut dire que le personnage est quelqu’un d’entier et authentique. Il s’intéresse aux émotions fortes telles que le désir et la joie. Il a su garder son âme d’enfant et retranscrit dans ses œuvres des sentiments « vrais ». Aussi, il aime se confronter à la matière en créant des objets parfois imparfaits, à contre-sens de l’homogénéisation industrielle.