Un objet, une oeuvre: Slinky

par 11 juin 2020Design & Style, Un objet, une œuvre

S’il y a un jouet qui a marqué notre enfance, c’est bien le Slinky: un ressort hélicoïdal pré-compressé qui a vu le jour en 1943 en Pennsylvanie. Son inventeur, Richard Thompson James, est alors ingénieur en mécanique navale et travaille sur un projet de ressort pouvant soutenir et stabiliser des instruments maritimes sensibles en mer agitée. Comme la plupart des inventions cultes, fruit du hasard ou d’un accident, le Slinky doit son existence à une maladresse. Richard T. James fait tomber le ressort sur lequel il planchait et remarque avec un amusement certain sa capacité à rebondir en se déplaçant. En rentrant chez lui, il se dit qu’il pourrait en faire un jouet s’il parvenait à obtenir la bonne propriété d’acier et la bonne tension. Après plusieurs expérimentations, il jette son dévolu sur l’acier suédois bleu-noir. Bien que les enfants de son quartier apprécient le Slinky, il faut attendre 1945 pour que le jouet trouve sa place dans les rayons du magasin Gimbels à Philadelphie. Le succès est immédiat, car le stock de 400 Slinkys se vend en 80 minutes! Il sera même présenté en 1946 à l’American Toy Fair. En plus de sa capacité à descendre des marches d’escaliers, transformant l’espace urbain en terrain de jeu sans limite pour les enfants, le son qu’il émet lorsqu’on le fait rebondir entre les deux mains est très relaxant.

L’esthétisme épuré du Slinky inspire aussi l’artiste américaine Tara Donovan. Connue pour ses sculptures in situ composées d’objets usuels, elle réalise en 2015 une sculpture composée d’un nombre incalculable de Slinky. Cette installation, Sans titre (2015), sera d’ailleurs présentée en 2016 à Art Basel Hong Kong par la galerie Pace. Les formes des sculptures de l’artiste s’inscrivent dans l’art génératif. A travers l’expérimentation d’un travail répétitif, à l’image des objets produits en masse, l’artiste repousse les limites de leurs matières en détournant leur usage initial. Elle insuffle une dimension poétique à ses installations qui deviennent alors organiques. Untitled (2015) prend des allures d’arbuste, faisant ainsi oublier son origine sidérurgique. Les Slinkys forment un amas de branches scintillantes pouvant aussi s’apparenter à un corail. Cet objet mythique se retrouve dans plusieurs oeuvres de l’artiste New-yorkaise, notamment la série Slinkys (2016), comprenant des dessins et des installations murales.

Le ressort n’a pas fini d’inspirer les artistes. En février 2020, Anthony Gromley présente New York Clearing, au Brooklyn Bridge Park, une sculpture représentant un dessin quantique contrant la géométrie euclidienne de l’architecture de la ville, telle une ligne sans début ni fin. Cet entremêlement de 18 km d’aluminium fait vaguement penser à un Slinky que l’on aurait emberlificoté.

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