Valkyrie Mumbet, ou hommage à la liberté

par 24 janvier 2024Art contemporain

Les Valkyrie, sculptures monumentales de Joana Vasconcelos, rendent hommage aux femmes et à l’artisanat propre à chaque culture. Pour cette douzième édition d’artgenève, la galerie Gowen a décidé d’y installer Valkyrie Mumbet, en collaboration avec Indosuez Wealth Management et Harsch.

Dans cette œuvre, l’artiste lisboète déploie tout son savoir-faire en rendant hommage à Elizabeth « Mumbet » Freeman, une femme notable du Massachusetts. Initialement conçue pour le MassArt museum de Boston, lors de sa première expo solo aux Etats-Unis, Valkyrie Mumbet (2020) symbolise la fin de l’esclavage, mais aussi la liberté.

En effet, le Massachusetts a été le premier état à légaliser l’esclavage en 1641. Elizabeth « Mumbet » Freeman, décédée le 28 décembre 1829 à l’âge d’environ 85 ans, fut la première esclave à retrouver la liberté en 1781. Grâce à elle, cet état du Nord adopta une loi révisant sa constitution qui déclarait : «  All Men are Born Free and Equal ». De son prénom de naissance Mumbet, elle opta lors de son émancipation pour le patronyme Elizabeth Freeman, incarnant sa lutte pour obtenir des droits similaires à tout citoyen.

Valkyrie Mumbet,  2020. Vue de l’exposition au MassArt Museum.

Comme dans toutes ses sculptures, Joana Vasconcelos incorpore dans Valkyrie Mumbet des artisanats généralement réalisés par des femmes. Ici, le tissu principal est composé de Capulana, un vêtement coloré du Mozambique. Ce dernier étant une ancienne colonie portugaise, il relie cette valkyrie à la patrie d’origine de l’artiste. De cette manière, Elle dénonce le commerce triangulaire, mais aussi le monopole qu’exerçaient les Européens sur le secteur textile.

D’autres éléments racontent l’histoire d’Elizabeth « Mumbet » Freeman, comme ces pompons ponctuant l’installation symbolisant son collier de perles d’or qu’elle aimait tant. Les colliers de perles marquent souvent le passage à la vie adulte pour une femme. Souvent, elles en reçoivent un de leur mère lorsqu’elles se marient. Ici, le fait de posséder un bijou marque également la fin de la servitude pour Elizabeth « Mumbet » Freeman. D’ailleurs, pour personnifier la descendance de cette dernière, l’artiste a choisi d’ajouter un tissu noble tel que le velours.

Joana Vasconcelos a également orné Valkyrie Mumbet de broderies réalisées au crochet, un art appliqué faisant partie de l’ADN de son travail. Ici, il prend la forme de dentelle traditionnelle açorienne, en hommage à la population lusophone vivant en Amérique.

Valkyrie Mumbet symbolise non seulement la liberté, mais rend aussi hommage à l’héritage culturel propre à chaque personne. Assemblé comme des pièces de tissus et passementeries, le mélange de traditions donne naissance à une nouvelle société riche en couleurs et en récits.

A découvrir jusqu’au dimanche 28 janvier 2024 à artgenève.

Horaires d’ouverture 
Jeudi : 12h – 19h
Vendredi et samedi : 12h – 20h
Dimanche : 12h – 19h

Valkyrie Mumbet: artgenève sur-mesure 2024, Stand A16
Gowen: Stand D45

Laura Gowen devant Valkyrie Mumbet à artgenève, 2024
Valkyrie Mumbet,  2020. Vue de l’exposition au MassArt Museum.

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