Telles un
Codex Seraphinianus abstrait, les toiles de la série
Ex Codice esquissent des fragments de codes mathématiques représentant des figures fractales. Dans la prolongation de la série
In Silico, nous sommes ici face à une réalité arithmétique indéniable, illustrant l’essence même du vivant. Bien loin de l’inesthétisme des images générées par l’intelligence artificielle, les peintures à l’huile de Sébastien Mettraux manifestent une élégance affirmée grâce à leur colorimétrie subtile et à la complexité de leur composition.
Jardin de Giverny 4.0
Si les séries
In Silico et
Ex Codice sont toutes deux générées par un logiciel d’image de synthèse, elles divergent dans leur représentation formelle et dans leur narration, tout en se rejoignant conceptuellement. Dans
In Silico, le code sert à créer un sujet, tandis que dans
Ex Codice, l’artiste s’intéresse tout particulièrement au code informatique, qui devient alors le sujet de départ de chaque œuvre. Initiée en été 2022, lors de sa résidence à Esch-sur-Alzette, l’artiste est alors confronté à une canicule qui frappe l’Europe. (NDLR: lire
Imagerie du vivant ) Cette sécheresse a, qui plus est, opéré d’importants changements physionomiques sur sa terre natale, la région du Nord vaudois. Les structures d’
Ex Codice se font d’ailleurs plus aériennes que celles d’
In Silico. Elles semblent s’évaporer dans les cieux, comme si elles quittaient le globe terrestre. Il faut dire que l’artiste s’intéresse depuis longtemps à la thématique de l’apocalypse. C’était déjà le cas avec l’une de ses premières séries de peinture,
Dernier paysage I, où le spectateur est plongé dans des bunkers et abris antiatomiques, dont le décor se résume au strict minimum vital.
Est-ce que cette évaporation d’éléments végétaux et organiques augure un avenir incertain où l’on ne pourrait contempler la nature plus que par le prisme du Metaverse? Le temps nous le dira. Une chose est sûre, nous avons atteint un point de non-retour en ce qui concerne l’urgence climatique. Tel un « jardin de Giverny » futuriste,
Ex Codice cristallise le souvenir d’une végétation dont la pérennité paraît ébranlée par la cupidité et la négligence de l’humanité.