Imagerie du vivant
Cet été, Sébastien Mettraux a pris ses quartiers à la Bridderhaus d’Esch-sur-Alzette, élue capital de la culture 2022. En résidence dans cette ancienne usine métallurgique, un environnement en parfaite adéquation avec son œuvre, puisque qu’il réunit industrie et nature, l’artiste suisse a poursuivi sa série de peintures In Silico.
Fabriques culturelles
C’est dans cet univers industriel luxembourgeois qu’a évolué l’artiste ces derniers mois, un environnement particulièrement adapté à son œuvre dans la mesure où la machine a toujours été très présente dans son travail. Qu’il s’agissent des séries Ex-machina, des Vanités ou encore d’In Silico, l’industrie helvétique s’y matérialise sous différentes formes. Ayant grandi dans la région du Nord du canton de Vaud, l’artiste a travaillé dans des manufactures horlogères et de production de pièces médicales afin de financer ses études.
Fasciné par les nouvelles technologies, Sébastien Mettraux, a choisi depuis ses premières séries de toile Derniers paysages d’utiliser des logiciels 3D pour esquisser ses œuvres. De la sorte, il ne pouvait que se sentir comme un poisson dans l’eau à Esch-sur-Alzette étant donné que la plupart de ses anciennes usines ont été réhabilitées en espace culturel, centre d’art où musée de la technologie.
Sans titre (In Silico n°31), 2022
Sans titre (In Silico n°27), 2022
Végétaux célestes Préoccupé depuis longtemps par les enjeux environnementaux, Sébastien Mettraux a été marqué par la canicule qui a frappé l’Europe, changeant la physionomie de sa région natale. Etangs disparus, collines verdoyantes devenues jaunes ou animaux amaigris sont autant de signes augurant un point de non retour. D’ailleurs les dernières toiles d’In Silico se font plus aériennes, on a l’impression que les structures végétales et organiques, voire minérales, s’évaporent dans les cieux. Comme si les derniers signes de vie sur Terre avaient rendu l’âme et ne subsistaient que dans le monde virtuel. Dans ce cas de figure, l’humain ne pourrait contempler la nature qu’il a détruite que par le prisme du Metaverse, un monde où les fractales seraient générées par un code et les éléments de la nature se mueraient en une abstraction, sans pour autant l’atteindre réellement.
Invasion aléatoire Les structures générées par le code informatique de la série In Silico semblent dessiner des mouvement aléatoires. Elles envahissent lentement la surface de la toile au point d’imaginer qu’elles la recouvraient entièrement. Comme dans un ballet silencieux, les formes évoluent sur une scène dépouillée de tout décor. Cette chorégraphie picturale pourrait faire penser à un scénario catastrophe, où les plantes reprendraient leurs droits et effaceraient rapidement plusieurs centaines de milliers d’années de civilisation. La ville de Pripyat a longtemps bien illustré ce phénomène, cependant, la question reste bien actuelle. Qu’adviendrait-il de nos villes européennes si un accident se produisait à la centrale de Zaporizjzja?
Sans titre (In Silico n°29), 2022
Sans titre (In Silico n°28), 2022
Synthèse universelle Les formes de la série In Silico rappellent l’essence même de l’humain et du végétal sans vraiment les représenter. Telle une imagerie du vivant, les peintures de Sébastien Mettraux dépassent la représentation formelle du monde qui nous entoure et nous emportent bien au delà de l’iconographie régie par les codes culturels habituels. Ainsi débarrassées des symboliques propre à chaque région du monde, les toiles de l’artiste résonnent en chacun de nous. Comme les mathématiques, le code binaire est universel. Créant ainsi un langage visuel dont les mots seraient des formes et les phrase des couleurs, l’artiste tente ainsi de nous murmurer l’expression d’une autre vérité.
Ex Codice Du 16 au 30 septembre à la Bridderhaus 1 Rue Léon Metz, 4238 Esch-sur-Alzette, LuxemburgSans titre (In Silico n°30), 2022
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