Un objet, une oeuvre: Sylvie Fleury & les 4 ombres de Chanel
Lorsqu’un produit cosmétique devient une œuvre d’art, Sylvie Fleury n’est jamais bien loin… En effet, cela fait plusieurs décennies que l’artiste genevoise s’inspire du consumérisme de masse et du luxe pour créer des sculptures et des ready-made aux univers glamours.
Des sandales Balenciaga aux palettes de maquillage, l’artiste se plaît à nous questionner sur la notion d’objet de désir. Critique du consumérisme, elle se plaît à le célébrer et le parodier sous diverses formes. Sylvie Fleury alimente son art avec les symboles de notre société moderne, dont elle aime détourner les codes avec une certaine touche d’humour. La série Palette of Shadow illustre bien cette obsession du paraître omniprésente dans le travail de l’artiste. L’échelle surdimensionnée de cette palette dévoile également tout le marketing qu’il y a derrière ces produits de beauté, où parfois l’investissement dans le packaging prime sur l’élaboration du contenu lui-même. Si l’on pense à la toile Road Movie (2018), représentant les 4 ombres de Chanel, on n’imagine à priori pas qu’il y ait un si grand travail de design derrière. En fait, le produit est fidèle aux goûts de Coco Chanel qui préfère la sobriété aux décors chargés. Il y a une volonté de garder les codes de la maison à travers le choix des couleurs, à savoir le noir, le blanc et le beige. Mais revenons à Sylvie Fleury. L’artiste a pour habitude de féminiser les œuvres d’artistes connus du XXème siècle, la ré-appropriation faisant partie intégrante de son travail. Cette fois-ci, la plasticienne s’attaque à l’exposition Shaped Canvas commanditée par Laurence Albway en 1964 au Guggenheim de New York. Cet accrochage mettait en avant des artistes uniquement masculins tels que Paul Feeley, Richard Smith, Franck Stella et Niel Williams. Avec cette palette de maquillage simplifiée, Sylvie Fleury transforme un objet usuel en une œuvre d’art à la fois minimaliste et abstraite, à l’mage des œuvres de l’exposition Shaped Canvas. Elle fait de nouveau allusion à Frank Stella dans Frankie goes to Hollywood (No.2) (2021) dans son exposition personnelle Night in White Satin à la galerie Mezzanin de Genève, cet hiver.