Art Genève 2025

par 30 janvier 2025À la une, Art contemporain

Pour cette 13ème édition d’Art Genève, le salon fait peau neuve avec une nouvelle identité visuelle. Du 30 janvier au 2 février, les visiteurs auront le plaisir de découvrir l’accrochage de pas moins de 80 galeries. Cette année, le Prix Solo Art Genève – F.P.Journe a été décerné à la galerie Richard Saltoune avec l’artiste Baya, tandis que le Mamco a jeté son dévolu sur une œuvre de Joana Hadjithomas & Khalil Joreige. Retour sur la foire avec une sélection de pièces puissantes.

Évasion domestique

On ouvre le bal avec Joana Vasconcelos qui sublime le travail artisanal du crochet avec son œuvre Black and White (2022). Exempt de cadre, on a l’impression que les éléments protéiformes sortent littéralement du mur du stand de la galerie Gowen (Stand D23). Avec cette œuvre, l’artiste efface les frontières entre la peinture et la sculpture, mais aussi entre le figuratif et l’abstrait.

Le quotidien de la femme, on le retrouve chez Isabella Ducrot, lauréate du prix Solo Journe 2023. Représentée par la galerie Mezzanine (Stand C21 et C21s), elle présente à nouveau un solo show. L’artiste italienne a le don de sublimer les objets usuels qui nous entourent. Dans les Fazzoletti, torchons typiquement italiens, c’est le cercle qui orne les carreaux de ces linges destinés à essuyer la vaisselle. Inspirée par les philosophies d’Extrême-Orient, l’artiste met en valeur l’action de peindre un élément de manière répétitive, donnant naissance à une certaine forme de concentration permettant de se recentrer sur soi-mêmeElle trouve d’ailleurs que cet artisanat est bien trop souvent considéré comme purement décoratif en Occident où l’on peine à percevoir son côté spirituel.

Cette délicatesse dans l’esquisse, on la retrouve chez Salifou Lindou à la galerie parisienne Afikaris (Stand D36 et D36s). Cet artiste autodidacte camerounais explore la complexité de l’être humain à travers des scènes du quotidien. Bien qu’il fasse souvent référence à la peinture classique, le travail de l’artiste s’inscrit tout à fait dans l’art contemporain.

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Joana Vasconcelos, Black And White, 2022

Portrait et silhouettes fantomatiques

Les peintures de Leanne Picthall décrivent son ressenti, qu’il soit conscient ou enfoui. Les mises en scène, parfois auto-dérisoires, sont témoins d’instants réels. Vivant à la campagne, l’artiste vaudoise nous livre un travail authentique. Avec ce solo show chez Skopia (Stand B28 et B28s), elle nous fait découvrir un nouveau corpus d’œuvres. 

Faisant l’objet du solo show Mort Heureuse à la galerie Semiose (Stand B39) de Paris, Xei Lei est de retour à Genève avec des peintures peuplées de figures spectrales. Énigmatiques, les personnages se fondent dans un décor épuré à la gamme chromatique dominante. Parmi les artistes présents, Olaf Breuning, Françoise Pétrovich ou encore Laurent Proux.

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Leanne Picthall,To Tame, 2024

Installations anatomiques

Chez Fabienne Levy (Stand B45 et B45s), la féminité se déploie en puissance avec Rockets in the Milky Way, des seins en aluminium aux couleurs arc-en-ciel de Vanessa Safavi. Ces seins célestes allient avec brio le ludique et le glamour. Leur forme évoquant une goutte peut à la fois évoquer des larmes de joie et de tristesse. N’oublions pas que les luttes féministes sont loin d’être finies. Cette sculpture est à la fois puissante et délicate. Le matériel évoque celui utilisé pour fabriquer les balles d’armes à feu, nous rappelant que la résistance est une arme.

Composée de mousse, de bas de nylon et de chaussures, la sculpture Zen Lovesong (2023) de Sarah Lucas captive tous les regards des visiteurs au stand de CFA-gallery (Stand C13). Présentée l’année dernière à la Tate Britain lors de l’exposition monographique Happy Gas, cette sculpture est emblématique du travail de l’artiste. Débutés dans les années 1990, ces corps féminins désarticulés incarnent toujours autant l’essence des combats féministes.  

Le FCAC (stand B1) a mis l’accent sur le selfie et les nouveaux usages de la photo et de la vidéo. Parmi les œuvres, on retrouve say you love bitch (2024) une installation de Giulia Essyad, lauréate du prix Prix Gustave Buchet, qui s’intéresse au pouvoir de la représentation par le prisme de la mouvance Body Positive. Elle utilise son propre corps pour déconstruire les représentations classiques du corps de la femme. 

 

Vanessa Safavi, Rockets in the Milky Way, 2022

Nature et spiritualité

Mêlant rêves, souvenirs de voyage et spiritualité, l’artiste québécoise Sylvie Lambert nous plonge dans un univers peu familier. Face à un serpent de Joana Vasconcelos au stand D23 de la galerie Gowen, la peinture Tree Unity (2024) évoque un épisode personnel de la vie de l’artiste. Sur le tronc d’un arbre dont on ne peut apercevoir la cime, des végétaux esquissent un réseau qui pourrait symboliser des chemins de vie. La mousse, recouvrant partiellement l’écorce donnent l’impression qu’un paysage miniature se dessine sur l’arbre, nous plongeant ainsi dans une dimension fantasmagorique.

On retrouve également une forme de spiritualité avec grey yellow nun (2024) d’Ugo Rondinone chez Kamel Mennour (Stand C20). Le lien entre la nature et le spirituel est apparu dans le travail de l’artiste lors de la crise du sida. L’artiste s’y est réfugié pour se détourner de son chagrin. Dans cette nature, il a trouvé un lieu où le sacré, le mystique et le profane vibrent côte-à-côte.

Art Genève, jusqu’au 2 février à Palexpo
https://www.artgeneve.ch/

Sylvie Lambert, Tree Unity, 2024
Photo: © Claude Cortinovis
Ugo Rondinone, grey yellow nun, 2024, orange violet nun, 2024 // Matthew Lutz-Kinoy, 69 Swamp Theater, 2024
Giulia Essyad, say you love bitch, 2024

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