1968, année prolifique: Les boîtes de la discorde

par 14 septembre 20181968, année prolifique, Art contemporain

En 1968, Andy Warhol entasse des boîtes de savon Brillo au Moderna Museet de Stockholm. Pontus Hultén, alors directeur du musée, organise cette première grande rétrospective consacrée à l’artiste américain en Europe qui ne manquera pas de faire parler d’elle!

Ce n’est pas la première fois que le conservateur crée la polémique avec une exposition. On se rappelle de «Hon» (Elle en suédois) où l’on pouvait découvrir une Nana géante de Niki de Saint-Phalle dans laquelle on pouvait entrer par l’entre-jambe pour accéder à une cathédrale. Dans un climat politique plutôt de gauche, l’exposition consacrée à Warhol est vivement critiquée et considérée par certains comme une propagande américaine. Il faut dire que l’artiste est connu pour être actif dans le domaine de la publicité.

Il a d’ailleurs le don de rendre iconique des objets du quotidien souvent issus de la grande distribution. Lorsque Gene Swenson lui demanda en 1962: «Pourquoi, cette idée de peindre des boîtes de soupe?», Warhol répondit «Parce que j’en consommais. J’ai pris le même déjeuner tous les jours pendant vingt ans, je crois bien recommencer toujours la même chose. Quelqu’un a dit que je subissais ma vie; l’idée m’a plu.» L’usage de la la sérigraphie comme technique n’est pas anodin: utiliser la répétition en créant des motifs, reproduire une image à l’infini, tout cela évoque bien les modes de production contemporains.

Comme une prolongation de l’œuvre Brillo Boxes de 1964 – des cubes de bois sérigraphiés imitant quasi à l’identique les boîtes de savons Brillo – l’empilement de fausses boîtes de Brillo de 1968 évoque les pyramides de produits en promotion dans les supermarchés. Avec ce faux ready-made, Warhol réinterprète une question initialement posée par Duchamps sur le rapport entre l’art et l’objet. Mais l’artiste pop ne se contente pas de reprendre le concept du ready-made, il va plus loin. Les objets usuels sont sacralisés et deviennent le miroir de notre société de consommation.

A ne pas manquer: Wharhol 1968, du 15 septembre 2018 au 19 février 2019 au Moderna Museet de Stockholm.

Andy Warhol. Photo: Lasse Olsson/Pressens bild

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