A table! (Part 1) L’unico frutto dell’amor
Quand les arts de la table s’invitent chez les artistes, la vaisselle s’accumule, on dîne verticalement, la soupe industrielle devient mythique et les bananes se changent en or. De Daniel Spoerri à Subodh Gupta, tour d’horizon des créations les plus mémorables. A table!
The Comedian, où une œuvre qui ne manque pas d’humour! En effet, la banane scotchée à même le mur à l’aide de Chatterton par Maurizio Cattelan a fait couler beaucoup d’encre. Le fruit le plus photographié d’Art Basel Miami s’est immiscé dans bon nombre de selfies, rendant le stand de la galerie Perrotin incontournable. La banane qui valait 120’000 dollars a d’ailleurs depuis trouvé preneur! Les collectionneurs Billy et Beatrice Fox ainsi que Sarah Andelman, fondatrice de Collette, se sont offerts l’installation limitée à 3 exemplaires. Forte de son succès, Emmanuel Perrotin augmenta le prix de la troisième édition à 150’000 dollars. Avis aux amateurs de healthy food: l’engouement pour les fruits frais s’est prolongé à art genève, avec le choix d’une installation de Mario Merz comprenant cette fois-ci des fruits et des légumes. Cependant, David Datuna a goûté en primeur au fruit défendu de Maurizio. Cette audace donna naissance à une performance improvisée The Hungry Man qui ne fit qu’augmenter la notoriété de la banane et de cet artiste gourmand. Tout le monde veut sa part du gâteau, n’est-ce pas? Aussi scandaleuse soit-elle, la banane de Cattelan illustre bien les fondements de l’art conceptuel et du dadaïsme, où l’idée prime sur la réalisation de l’ œuvre. En parfaite continuité du travail de l’artiste post-Duchampien, The Comedian (2019) s’inscrit dans une suite de sculptures provocatrices. On se souvient de Him (2001), où l’on découvre Adolf Hitler en pleine prière, Amercica (2016), des toilettes en or récemment dérobées ou encore La nona ora (1999) avec un Pape écrasé par une météorite. Malgré tout, Maurizio Cattelan reste l’un des plus talentueux plasticiens de sa génération. Avec ses réalisations à la facture parfaite et son sens de l’humour, il se rit du marché de l’art contemporain et de ses acteurs. Quoi de plus drôle pour dénoncer l’absurdité des prix pratiqués que de vendre une banane à 120’000 dollars? Bon appétit!