Affichage sauvage

par 12 septembre 2019Art contemporain

Cet automne, l’artiste suisse Barbara Cardinale prend possession des murs du Club d’art contemporain avec l’exposition Quartiers intérieurs. Avec ces silhouettes féminines aux têtes d’animaux, véritable hommage à la thériocéphalie, l’artiste joue avec les superpositions, au sens littéral comme au figuré!

Cet automne, l’artiste suisse Barbara Cardinale prend possession des murs du Club d’art contemporain. Avec ces silhouettes féminines aux têtes d’animaux, véritable hommage à la thériocéphalie, l’artiste joue avec les superpositions, au sens littéral comme au figuré!

L’exposition Quartiers intérieur présente deux séries de dessins, Dons Urbains et Corps-paysages, réalisés avec la méthode du transfert et rehaussés au crayon de couleur ou au graphite. Dans la salle principale, située au même niveau que la rue, on découvre des affiches représentant des créatures thérianthropes (figures humaine à la tête animale) emprisonnées entre deux plaques de verre. Contrairement à l’affichage habituel, on peut circuler entre les œuvres suspendues au plafond. Le dos des affiches est ainsi dévoilé et l’on peut deviner sur quel support elles ont été collées. A la manière des street artists, Barbara Cardinale a sillonné les rues de Lausanne et de Sierre. En effet, elle a placardé des affiches dans des lieux publiques, les laissant ainsi au bon vouloir des passants. Ces derniers on pu s’approprier les œuvres en intervenant dessus comme bon leur semblait. Après quelque temps, l’artiste a récupéré les affiches les plus intéressantes parmi celles qui n’étaient pas trop endommagées par les aléas météorologiques.

Dons urbains, 2018-2019.

La chatte du skate parc, 2019.

Avec ce travail, l’artiste désacralise l’art et le rend plus accessible. Elle meten danger” ses œuvres en les affichant en dehors d’un lieu qui leur est habituellement dédié. L’intervention de personnes anonymes nous mène à nous poser des questions sur l’universalité de l’art. Une oeuvre, est-elle toujours exclusivement la création d’un artiste, si une autre personne est intervenue dessus? Cela rappelle immédiatement les Ready-made, où là aussi, l’artiste n’est pas le seul créateur de l’œuvre. Il y a quelque chose d’universel et de collectif dans les Dons urbains de Barbara Cardinale, comme si ces dessins reflétaient l’âme d’un quartier, qu’ils en étaient sa mémoire. Une mémoire collective dont chacun en serait le gardien.

Le point de convergence entre Dons Urbains et Corps-paysages se trouve avant tout dans la silhouette de l’artiste, reproduite au transfert en ne dévoilant jamais son visage. Dans Corps-paysages, un travail plus personnel et minutieux, c’est l’artiste qui intervient sur ses dessins en esquissant des paysages au crayon de couleur recouvrant entièrement ou de manière partielle la silhouette. On reconnaît parmi les lieux représentés le Lac Léman et d’autres aspects de la région. Bien qu’ils soient familiers, les paysages reflètent avant tout l’état d’esprit du moment de Barbara Cardinale. Il y a comme un feu intérieur qui émane de certains portraits, surtout lorsque le paysage représente un orage ou un incendie. Cette énergie semble canalisée par les poses très zen adoptées par l’artiste. Sur deux dessins, La tête dans les nuages (2017), le paysage sort de la silhouette comme pour évoquer le corps astral qui, dit-on, s’évade lors du sommeil. Ces dessins évoquent à eux deux une véritable échappée onirique.

La tête dans les nuages, 2017.

Orage, 2019.

La tête dans les nuages, 2017.

Feu, 2019.

Partagez cet article:

Plus d’articles

Tami Ichino, vibrations poétiques

Tami Ichino, vibrations poétiques

Chez Tami Ichino, les sujets perdent leur signification initiale et deviennent une notion poétique. Dans un second niveau de lecture, ils narrent des histoires personnelles suspendues dans le temps dont l’esthétique est empreinte d’un imaginaire calme et silencieux.

L’image du jour : Ilénia and Erwan de Phinn Sallin-Mason

L’image du jour : Ilénia and Erwan de Phinn Sallin-Mason

Chez Phinn Sallin-Mason, les caractéristiques attribuées aux genres s’inversent et rendent leurs frontières floues. L’artiste, effectuant actuellement un bachelor en photographie à l’Ecal, aime brouiller les pistes et amène à nous interroger sur les constructions sociales qui nous enferment dans des rôles bien souvent stéréotypés.

Anima Mundi, le vernissage

Anima Mundi, le vernissage

Si l’âme du monde devait prendre forme sous nos yeux, on espérerait qu’elle charrierait la beauté de l’humanité, qu’elle serait porteuse d’un espoir dont nous avons plus que jamais besoin. Les artistes Philippe Fretz, Michael Rampa et Jérôme Stettler se sont penchés sur des thèmes universels en créant un dialogue ouvert entre leurs œuvres. Retour sur le vernissage du 1er juin.