Intérieur stellaire
Des agrumes évoquant le système solaire, un crépuscule civil révélant Vénus… L’artiste bernois Gian Losinger nous immerge dans un calme baigné de douces lumières, où les petits riens du quotidien sont sublimés.
Gian Losinger travaille depuis toujours sur les objets du quotidien. Pour l’accrochage de l’espace genevois de la galerie Fabienne Levy, des photos d’intérieur aux dimensions intimes sont ponctuées de grands formats dépeignant des cieux. Le décalage entre les deux sujets pourrait paraître étonnant, pourtant, si l’on observe bien les natures mortes, on peut y déceler un côté astral. Le lien entre ces paysages célestes et ces images domestiques réside dans le lieu des prises de vues. Ces photos, capturées depuis la fenêtre de la cuisine de l’artiste à Lausanne, les lient inéluctablement à son lieu de vie.
Ici, on a affaire à un travail sur l’intime, débutant durant la période du covid. La fenêtre s’apparente à un hublot sur le monde extérieur. Elle sert de cadre dans lequel les astres deviennent auteurs d’une peinture dont les teintes répondent aux objets présents sur les natures mortes. Dans Gradient I et II, on observe un crépuscule où les heures dorées vont à la rencontre des heures bleues. Il y a une influence picturale dans les cieux de Gian Losinger. Quant aux natures mortes, elles rappellent les vanités présentes dans la peinture flamande du XIIe siècle. Doit-on voir dans cette allégorie de la mort et de la fragilité humaine un clin d’œil à ces dernières années si particulières ? Une chose est sûre, face à la grandeur de l’univers nous ne sommes rien.
Gradient I, 2022
L’exposition « I wish I call you sooner » offre un moment suspendu hors de l’agitation citadine. On ressent le silence qui règne dans l’appartement, tout comme dans l’espace, où l’on ne peut entendre aucun son. L’artiste a voulu sublimer ces moments où l’on remarque la beauté de détails qui ont tendance à nous échapper, qu’il s’agisse de la lueur de la Lune et de Vénus ou encore des traces d’un avion dans le ciel. D’une certaine manière, tous ces éléments évoquent un lointain, un ailleurs impalpable. Qu’il soit terrestre ou cosmique, les photographies de Gian Losinger nous offrent une ouverture abstraite sur le monde.
A découvrir jusqu’au 9 mars
Fabienne Levy
Rue des Vieux-Grenadiers 2
1205 Genève