Le baiser de la discorde
Avec l’arrivée des beaux jours, l’artiste suisse Yannick Lambelet présente Le goût de la victoire #3 dans l’exposition collective organisée par Bowie Creators. Débutée l’année dernière, cette série de peintures met le doigt sur une expression de la joie qui peut sembler paradoxale, poussant parfois les joueurs de foot professionnels hétéros à s’embrasser sur la bouche, alors qu’il subsiste une forte homophobie dans le monde du sport. Décryptage.
Il y a des moments ou l’émotion l’emporte sur la raison et nous pousse à exprimer nos sentiments les plus profonds. S’ils sont positifs, ces derniers sont en général bien accueillis. Mais lorsqu’ils révèlent une hypocrisie latente, on ne peut s’empêcher d’éprouver un ressenti dubitatif. Qu’il s’agisse des stéroïdes employés dans le cyclisme, des abus sexuels que subissent certains athlètes, parfois mineurs, ou encore de la violence omniprésente dans les stades de football engendrée par des supporters au comportement plus que discutable, le monde du sport a perdu de sa superbe.
Pourtant, encore dernièrement, l’intention était bonne. Lors de la coupe du monde de la FIFA au Qatar, la plupart des joueurs étaient favorables au port du brassard One Love. Cet élan de solidarité fut vite stoppé par les organisateurs. En effet, les équipes risquaient des sanctions si elles portaient un accessoire non réglementaire, qui plus est, arborant fièrement les couleurs arc-en-ciel.
La série Le goût de la victoire pointe du doigt avec humour l’absurdité de nos sociétés. Si le goût de la vraie victoire est amer, l’argent, quant à lui n’as pas d’odeur.
A ceux qui, pensant endurcir leur progéniture en leur expliquant que le foot – ou autre activité « virile » – n’est pas un sport de « pédés », j’ai envie de leur demander pourquoi, dans leur temps libre, ils contemplent avec tant d’admiration des hommes en sueur à demi-nus.
Alors, peut-être que la coupe du monde est passée, mais le fait d’avoir choisi le Qatar comme hôte en dit bien long sur les velléités de la FIFA. C’est pour ces raisons qu’il est de notre devoir de continuer de dénoncer les aberrations qui perdurent dans le monde du sport.
CØLLECTIVE (R)EVOLUTION
Jusqu’au 10 juin
Bowie Creators
Boulevard du Théâtre 9, Genève
https://www.bowiecreators.com/