Pétillant Murakami

par 29 janvier 2021Art contemporain, Design, Design & Style

Lorsque je suis allée faire mes courses aujourd’hui, j’ai eu la bonne surprise de découvrir les nouvelles bouteilles de Perrier parsemées de fleurs Kawaii. Pour célébrer ses 150 ans, l’eau minérale a fait appel à l’artiste japonais Takashi Murakami. Ce design ne manquera pas d’égayer nos tables.

Perrier, c’est fou!
En 150 ans, Perrier a collaboré avec un bon nombre d’artistes pour habiller son silo. D’Andy Warhol à Dali, la marque n’a jamais cessé de cultiver son image drôle et décalée. On se souvient du fameux spot publicitaire érotico-comique de Bernard Lemoine, La main baladeuse, en 1976 qui a fait scandale. En 1983, les couleurs acidulées d’Andy Warhol envahissaient les emballages de Perrier. L’artiste avait dessiné la bouteille à la forme iconique sur les étiquettes et les canettes. Une collaboration tout à fait cohérente avec son travail dans lequel il ne cessait de représenter des biens de consommation courante. En cette fin de 2020 particulièrement morose, rien ne pouvait mieux convenir que les fleurs de Murakami pour orner les packagings de la marque d’eau.

Flower power
Bien plus colorées que la nouvelle montre réalisée en collaboration avec Hublot, les bouteilles de Perrier font très Flower power. Il faut dire que l’homme ne chôme pas! En début 2020, l’artiste a mis à contribution son studio pour fabriquer des masques en tissus marqués de fleurs Murakami. Il a ensuite décliné cette gamme en Hoodies et autres T-shirts. Inventeur du Superflat, l’artiste est connu pour ses peintures réalisées en aplat, à l’image des anciennes estampes japonaises. C’est dans les années 90 que sont apparues les premières fleurs-bonhommes au sourire immuable. Ce symbole universel a créé un pont entre la culture occidentale et asiatique. Fortement inspiré par le travail d’Andy Warhol, il rendait hommage à la Flower serie en 2009 avec deux pièces intitulées Warhol/Silver et Warhol/Gold. Comme chez le premier créateur de Manga Rakuten Kitazawa, on retrouve chez Murakami l’influence occidentale sans qu’il cherche pour autant à l’imiter. Ses œuvres sont essentiellement composées de motifs et d’illustrations en aplat empruntés aux dessins animés nippons. Malgré que l’esthétique et les sujets restent principalement japonais, il ne renonce pas pour autant à s’interroger sur des problématiques communes aux deux cultures, comme par exemple la consommation de drogue. Les fleurs de Murakami peuvent évoquer une joyeuse hallucination. L’artiste revisite la culture pop japonaise comme le faisait auparavant Warhol avec la culture américaine.

Figures Kawaii
L’artiste a pour habitude de collaborer avec des marques et maisons de couture. Déjà en 2003, après trois ans de négociations, naissait la collaboration entre Louis Vuitton et Murakami. L’idée première de Marc Jacobs était de casser les codes en associant la scène artistique à ses créations. Ce fut d’ailleurs la plus longue collaboration entre une maison française et un artiste. Durant plus d’une décennie, Takashi n’a cessé de réinterpréter le monogramme. D’abord multicolore, puis orné de cerises, de fleurs et de personnages aux allures manga, en passant par le camouflage. Le père du Superflat a su intégrer avec brio l’univers graphique déjanté japonais dit kawaii au luxe parisien. La combinaison de ces univers que tout oppose a su surprendre et apporter une touche décalée et moderne, rajeunissant ainsi l’image de la marque. Si le mouvement superflat est censé évoquer la superficialité de la culture consumériste japonaise, cela n’empêche pas l’artiste de poursuivre ces collaborations, quitte à risquer d’être parfois critiqué. D’une certaine manière, ce fonctionnement est représentatif des capacités d’adaptations dont chacun est amené à faire preuve dans le monde actuel. Des changements qui, s’ils sont parfois contraignants, nous maintiennent aussi dans un évolution personnelle et professionnelle constante.

Partagez cet article:

Plus d’articles

Tami Ichino, vibrations poétiques

Tami Ichino, vibrations poétiques

Chez Tami Ichino, les sujets perdent leur signification initiale et deviennent une notion poétique. Dans un second niveau de lecture, ils narrent des histoires personnelles suspendues dans le temps dont l’esthétique est empreinte d’un imaginaire calme et silencieux.

L’image du jour : Ilénia and Erwan de Phinn Sallin-Mason

L’image du jour : Ilénia and Erwan de Phinn Sallin-Mason

Chez Phinn Sallin-Mason, les caractéristiques attribuées aux genres s’inversent et rendent leurs frontières floues. L’artiste, effectuant actuellement un bachelor en photographie à l’Ecal, aime brouiller les pistes et amène à nous interroger sur les constructions sociales qui nous enferment dans des rôles bien souvent stéréotypés.

Anima Mundi, le vernissage

Anima Mundi, le vernissage

Si l’âme du monde devait prendre forme sous nos yeux, on espérerait qu’elle charrierait la beauté de l’humanité, qu’elle serait porteuse d’un espoir dont nous avons plus que jamais besoin. Les artistes Philippe Fretz, Michael Rampa et Jérôme Stettler se sont penchés sur des thèmes universels en créant un dialogue ouvert entre leurs œuvres. Retour sur le vernissage du 1er juin.