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Retrouvez tous les articles du Chat Perché sur ce sujet.Avec une installation monumentale composée de 500 jeans morcelés, Vanessa Riera bouscule nos certitudes en matière de consommation. Telle une réponse à la déferlante de pollution liée à l’industrie de textile, En cascade (2023) vise à nous faire prendre conscience de cette problématique.
Présentée à la biennale de Venise de 2022 au pavillon américain, Cupboard XI (Titi) mêle savamment le bronze et l’utilisation de matériaux naturels. Avec cette série de sculptures, la lauréate du Golden Lion rend hommage aux travailleuses afro-américaines. Depuis plus de vingt-cinq ans, l’artiste travaille sur la représentation de la femme noire dans la société occidentale en jouant avec les stéréotypes dont elle fait l’objet. Avec grand soin, l’artiste traduit délicatement les traits qui la caractérisent mais qui, malheureusement, la stigmatisent aussi. Ainsi, les cheveux crépus et les lèvres charnues deviennent, entre ses mains, de puissants attributs, symboles de force et de fierté. Lorsqu’elle habille ses femmes de bronze de jupes en raphia, fibre naturelle très utilisée au Congo et au Gabon, ou qu’elle réinterprète les coupoles des maisons des Batammaribas du Togo et des Musgums du Tchad, Simone Leigh crée ce qu’elle appelle une « créolisation des formes ». Elle imbrique ainsi la culture africaine et occidentale dans une seule œuvre, afin d’y faire émerger une histoire commune au-delà des frontières.
Berlinde De Bruyckere a représenté la Belgique lors de la biennale de Venise en 2013. Elle y a présenté Cripplewood (2012-2013), une sculpture monumentale de 17 mètres reproduisant le supplice de Saint Sébastien. Ici, le Saint a fusionné avec l’arbre auquel il était normalement attaché. L’artiste trouve beau l’idée de la métamorphose, le fait qu’une entité puisse grandir dans une autre. Cela cristallise pour elle une vision d’espoir et de futur. D’ailleurs, elle explorera ce thème tout au long de sa carrière, tout en s’inspirant de la mythologie Gréco-romaine et des scènes bibliques.
L’artiste française nous entraîne dans un paysage sylvestre où le toxique se mêle au comestible. Une foison d’éléments aux couleurs vives émerge d’une forêt de bouleaux dont la densité semble augurer un sombre présage. Une femme louve se fond dans le décor oscillant entre les éléments, comme si ces derniers la portaient ou la faisaient tomber en même temps. Fidèle à sa technique de prédilection, l’artiste peint ”à l’envers” sur des panneaux de plexiglas monumentaux. En effet, au lieu de commencer par le fond, Muriel Rodolosse s’attèle aux détails, puis ajoute le reste de la composition par couches successives. D’ailleurs, elle explique procéder dans le même ordre que lorsque l’on contemple une personne: on commence par regarder son visage, les vêtements qu’elle porte puis pour finir le décor. De cette manière, l’artiste crée des images de la même façon que l’on perçoit notre environnement.
Végétaux célestes
Préoccupé depuis longtemps par les enjeux environnementaux, Sébastien Mettraux a été marqué par la canicule qui a frappé l’Europe, changeant la physionomie de sa région natale. Etangs disparus, collines verdoyantes devenues jaunes ou animaux amaigris sont autant de signes augurant un point de non retour. D’ailleurs les dernières toiles d’In Silico se font plus aériennes, on a l’impression que les structures végétales et organiques, voire minérales, s’évaporent dans les cieux. Comme si les derniers signes de vie sur Terre avaient rendu l’âme et ne subsistaient que dans le monde virtuel. Dans ce cas de figure, l’humain ne pourrait contempler la nature qu’il a détruite que par le prisme du Metaverse, un monde où les fractales seraient générées par un code et les éléments de la nature se mueraient en une abstraction, sans pour autant l’atteindre réellement.
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