Modernism isn’t a style
Pour cette rentrée, la galerie Analix Forever nous invite à découvrir les dernières œuvres de Robert Montgomery. L’artiste revient à ses premières amours en superposant ses poèmes sur des compositions de Kazimir Malevitch. Une belle exposition à découvrir sur trois sites. Visite guidée…
A la rue de Hesse, un poème lumineux rayonne à travers toute la rue et nous invite à enter dans la galerie. [ Whenever you see the sun reflected in the window of a building it is an angel ] (traduction: A chaque fois que tu vois le soleil se refléter dans la fenêtre d’un bâtiment, c’est un ange) Ici, la forme fait écho au fond car la nuit tombée, l’oeuvre lumineuse se reflète sur les vitrines des alentours. Dans la galerie, l’artiste nous propose de la poésie comme arme contre la morosité ambiante. Avec ses propres utopies, il remet en cause les crises économiques et écologiques auxquelles nous sommes confrontés. Malgré leur ton rêveur et engagé, ses textes évoquant les problèmes environnementaux et sociétaux ne surfent pas sur la vague healthy-bobo. D’ailleurs dans Modernism isn’t a style (2018) ils nous rappellent bien que le modernisme est un rêve et non un style ou un effet de mode.
Plus loin, on découvre le clou du spectacle: And the Screens (2018) où un poème se pose délicatement sur une composition de Malevitch, Torso (Transformation of a new Image)(1928-29). L’humain et son environnement sont ici le centre de l’œuvre. Le sommet du crâne de l’homme est tronqué, renforçant ainsi son importance, lui donnant l’illusion de sortir de la toile. [ And the screens that circles you like butterflies now // All your tomorrows turned to electric waterfalls. Modernism isn’t a style Modernism is a dream of fair taxation and gender equality, a rise of beauty and kindness / A blind dream of love, a promise of civilisation ] Sans oublier l’utopie d’un monde meilleur où les êtres seraient égaux et vivraient en harmonie avec la nature. Telle une promesse d’un avenir impossible, cette œuvre tente de réveiller un rêve enfoui.

Whenever you see, Robert Montgomery

Modernism is a Psychic (2018)
Ce type de composition se décline avec Malevitch Landscape/ Shimmer of kindness (2018) où là, l’homme se fond dans l’horizon. Le carré rouge représentant une maison, ici simplifiée au maximum, n’est pas sans rappeler celui qui se trouve dans beaucoup de paysages tels que dansTorso in a Yellow Shirt (1928-32) ou encore Landscape with White House (1929). Le cercle, quant à lui, évoque sans doute la terre, illustrant parfaitement le poème.
A l’étage, on peut découvrir la série de photos urbaines Angel, où l’on rencontre l’ange évoqué dans Whenever you see the sun (2009).
A la galerie AMI de Chêne-Bourg, on peut admirer les photographies des œuvres de l’artiste dans l’espace public et ses performances saisissantes où il enflamme ses poèmes. On y découvre notamment Le spectre de Victor (2012), un billboard renfermant la traduction française de l’un de ses poèmes par Barbara Polla. Il est question d’une Europe libre, où les frontières s’estompent grâce à la richesse culturelle de notre continent.
Pour terminer en beauté votre visite, ne manquez pas de faire un détour au château de Penthes, où l’un de poèmes lumineux de Robert Mongomery vous accueillera dans l’exposition La prison exposée: Champ-Dollon à Penthes. Rather the rain on the window (2013), véritable ode à la liberté, nous invite à nous interroger sur nos engagements, mais aussi sur l’enfermement, qu’il soit psychique ou physique.
Jusqu’au 15 décembre
Galerie Analix Forever


Malevitch Landscape/ Shimmer of kindness (2018)
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