On parle de « white cube » pour nommer l’espace d’exposition réduit à ses conditions minimales. Mais l’idéal de pureté et de neutralité de ce terme est un voile qu’un minimum d’attention permet de lever, montrant la réalité matérielle, sociale, institutionnelle et idéologique qui le façonne. L’exposition de Pauline Cordier « Tenir le temps », à la galerie Andata Ritorno, donne à voir singulièrement l’espace d’exposition, et semble nous faire entrer dans ce jeu où le lieu de l’art se réfléchit lui-même. Cependant, elle ouvre le regard à d’autres dimensions que celles qui constituent ce lieu en objet esthétique auto-référent. L’artiste opère en effet un décentrement. Considérant l’espace, elle voit comment il est lui-même exposé, mais cette fois au sens transitif de ce qui est exposé à quelque chose, en l’occurrence exposé par le jour qui passe à l’espace du dehors. Ce dehors, c’est la rue, le ciel, mais aussi les coordonnées astronomiques qui font tourner tout cela.
Texte: David Zerbib