Le Chat Perché
Retrouvez tous les articles de cet auteur.Cet été, la galerie Gowen présente Bilico, une exposition d’art conceptuel mettant en relation le travail d’artistes italiens: Claude Cortinovis, Antonio Riello, Gino Sabatini Odoardi. Leurs trois univers, dont les pratiques divergent, ont pour point de départ le dessin et se rejoignent avec la performance. Dans une esthétique épurée, la beauté du geste est célébrée.
Zanele Muholi, vivant et travaillant en Afrique du Sud, se définit comme une activiste visuelle. Dans son art, elle met en lumière la communauté LGBTQIA+ sud-africaine et documente les atrocités perpétrées à l’encontre des personnes trans et lesbiennes. Elle s’intéresse également à la perception qu’a la communauté blanche sur les personnes de couleur. Dans la série d’autoportraits Somnyama Ngonyama (Salut la lionne noire en Zulu) débutée en 2015, elle se met en scène avec des objets trouvés en les portant de manière détournée de leur usage initial. De ce fait, elle rappelle que les colons insistaient pour que les africains portent des tenues traditionnelles lorsqu’ils les prenaient en photo. Dans cette série de photographies, Zanele Muholi renforce également la noirceur de sa peau grâce à un procédé numérique. L’artiste joue ainsi avec les stéréotypes subsistant encore autour du corps et de la culture noirs.
L’artiste germano-néo-zélandais André Hemer explore les intersections entre les médias numériques et la peinture. Dans son travail, il combine numérique et analogique en scannant des traces de peintures à même la vitre d’un scanner plat. Les scans sont par la suite imprimés sur la toile et fonctionnent comme une sous-couche sur laquelle il applique à nouveau de la peinture acrylique, créant ainsi un dialogue entre la matière et l’image digitale. Les œuvres de l’artiste témoignent des changements s’opérant dans l’iconographie cybernétique. Il s’intéresse tout particulièrement à l’imagerie post-internet dont il essaye d’en synthétiser les préoccupations.
Avec ses sculptures, l’artiste Monica Bonvicini dissèque les symboles du patriarcat et du pouvoir pour en révéler leur fragilité. Son œuvre résolument engagée, questionne le spectateur sur sa perception du genre et son influence dans notre société.
Dans une ambiance intimiste, le musée Rath nous plonge dans la collection de photos romantiques des collectionneurs Hugh Nini et Neal Treadwell. Durant vingt ans, le couple texan a réuni plus de 4’000 clichés d’hommes amoureux pris entre les années 1850 et 1950. De cette manière, cette collection complète une partie de l’histoire passée sous silence durant un siècle noirci par l’homophobie.
Et si les émotions se manifestaient de manière colorimétrique. Dans sa pratique, l’artiste anglo-iranienne Sofia Yeganeh explore les thèmes identitaires liés au corps humain et à la nature de façon personnelle. Elle s’intéresse plus particulièrement au corps féminin dans Interaction où l’enveloppe charnelle s’exprime librement grâce aux mesures d’une caméra thermique. Les silhouettes sont soulignées et traversées de broderies, un savoir-faire ancestral très présent dans l’art contemporain iranien. Cet ajout de médium crée alors une interaction entre les éléments de l’œuvre, mais aussi entre le passé et le présent. Ici, on imagine que ces esquisses de fil fonctionnent comme des ondes musicales venant casser le rythme de la composition. Dans un swing acidulé, une jeune femme danse au son des couleurs, la chaleur émanant de son for intérieur réchauffe les nuances bleutées de la toile qui se mue ainsi en une partition de musique populaire.
Dans des cieux aux camaïeux harmonieux s’entremêlent des structures végétales. Ici, le code binaire se mue en méandres organiques. En véritable sublimation de l’aléatoire, les toiles de Sébastien Mettraux nous plongent dans un univers régi par un langage mathématique universel.
Et si le Far West se parait de couleurs tendres et que les cowboys chevauchaient des licornes ? Serions-nous dans l’utopie d’un monde meilleur ? Certainement ! Mais en attendant, il faudra se contenter des toiles de l’artiste américain Will Cotton. Véritable satire à la fois douce et acidulée de la pop culture, Slippery Descent bouscule les codes du mythe américain. Dans une chevauchée onirique, un cowboy hypersexualisé descend une pente glissante où les rochers devenus crème glacée sont ornés de « Froot Loops ». Sommes-nous dans l’expression d’un désir gourmand où l’orgasme serait symbolisé par des douceurs industrielles ? Une chose est certaine, l’artiste mêle avec brio les codes queer au rêve américain, réinventant ainsi une nouvelle iconographie populaire.
Avec l’arrivée des beaux jours, l’artiste suisse Yannick Lambelet présente Le goût de la victoire #3 dans l’exposition collective organisée par Bowie Creator. Débutée l’année dernière, cette série de peintures met le doigt sur une expression de la joie qui peut sembler paradoxale, poussant parfois les joueurs de foot professionnels hétéros à s’embrasser sur la bouche, alors qu’il subsiste une forte homophobie dans le monde du sport. Décryptage.
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