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Retrouvez tous les articles du Chat Perché sur ce sujet.L’artiste germano-néo-zélandais André Hemer explore les intersections entre les médias numériques et la peinture. Dans son travail, il combine numérique et analogique en scannant des traces de peintures à même la vitre d’un scanner plat. Les scans sont par la suite imprimés sur la toile et fonctionnent comme une sous-couche sur laquelle il applique à nouveau de la peinture acrylique, créant ainsi un dialogue entre la matière et l’image digitale. Les œuvres de l’artiste témoignent des changements s’opérant dans l’iconographie cybernétique. Il s’intéresse tout particulièrement à l’imagerie post-internet dont il essaye d’en synthétiser les préoccupations.
Et si les émotions se manifestaient de manière colorimétrique. Dans sa pratique, l’artiste anglo-iranienne Sofia Yeganeh explore les thèmes identitaires liés au corps humain et à la nature de façon personnelle. Elle s’intéresse plus particulièrement au corps féminin dans Interaction où l’enveloppe charnelle s’exprime librement grâce aux mesures d’une caméra thermique. Les silhouettes sont soulignées et traversées de broderies, un savoir-faire ancestral très présent dans l’art contemporain iranien. Cet ajout de médium crée alors une interaction entre les éléments de l’œuvre, mais aussi entre le passé et le présent. Ici, on imagine que ces esquisses de fil fonctionnent comme des ondes musicales venant casser le rythme de la composition. Dans un swing acidulé, une jeune femme danse au son des couleurs, la chaleur émanant de son for intérieur réchauffe les nuances bleutées de la toile qui se mue ainsi en une partition de musique populaire.
Et si le Far West se parait de couleurs tendres et que les cowboys chevauchaient des licornes ? Serions-nous dans l’utopie d’un monde meilleur ? Certainement ! Mais en attendant, il faudra se contenter des toiles de l’artiste américain Will Cotton. Véritable satire à la fois douce et acidulée de la pop culture, Slippery Descent bouscule les codes du mythe américain. Dans une chevauchée onirique, un cowboy hypersexualisé descend une pente glissante où les rochers devenus crème glacée sont ornés de « Froot Loops ». Sommes-nous dans l’expression d’un désir gourmand où l’orgasme serait symbolisé par des douceurs industrielles ? Une chose est certaine, l’artiste mêle avec brio les codes queer au rêve américain, réinventant ainsi une nouvelle iconographie populaire.
Avec Anguèli, l’artiste béninoise Moufouli Bello nous entraîne dans un univers aux couleurs acidulées. Depuis longtemps, l’artiste s’intéresse aux inégalités sociales, mais aussi à la place de la femme noire dans la société. Elle a pour habitude de prendre pour modèle des femmes de son entourage, qu’elle peint dans des tons bleutés. Souvent, un élément se distingue par ses teintes chaudes, contrastant ainsi l’ensemble de la composition. Dans Anguèli, une femme aux ailes d’ange nous observe droit dans les yeux. Le spectateur est confronté directement au regard de la protagoniste et ne peut s’en soustraire. De la sorte, il se crée une proximité avec ce dernier. l’artiste s’affranchi des représentations habituelles de la femme africaine portant une amphore ou un enfant. Les femmes de Moufouli Bello sont fortes, libérées de tout cliché.
Parfois, l’histoire de l’art s’évertue à réparer l’invisibilisation et le manque de reconnaissance dont des centaines d’artistes femmes ont été victimes durant des décennies. Est-ce pour ces raisons qu’Ewa Juszkiewicz substitue les visages de ses portraits féminins par des fleurs? Y-a-til un élan féministe dans le geste de mettre en avant la peinture de Élisabeth Vigée Le Brun et Adélaïde Labille-Guiard, bien moins mises en lumière que leurs confrères masculins. Une chose est certaine, Ewa Juszkiewicz n’a rien à envier aux maîtresses de la nature morte dont elle s’inspire telles que Clara Peeters et Margareta Havermandont. De cette manière, elle met à la fois en lumière le manque de visibilité des femmes ayant marqué l’histoire, tout en rendant hommage aux femmes artistes.
Walter Schmid dépeint la cruauté de la condition carcérale et le désespoir dans sa dernière exposition personnelle Les geôles de Thanatos chez andata.ritorno. La puissance émanant des oeuvres de l’artiste genevois ne laisse pas indifférent. Le spectateur est comme écrasé par ces toiles monumentales dont le support révèle une certaine fragilité.
Détourner les objets usuels pour en révéler leur potentiel sexuel, c’est le quotidien de Rosie Gibbens. Des chaises de bureau deviennent partenaires sexuels afin de révéler l’ennui de l’univers administratif. Les tâches ménagères sont tournées en ridicule afin d’en dénoncer leur absurdité et le sexisme qu’elles véhiculent. Dans ses performances, l’artiste britannique donne de sa personne, n’hésitant pas à créer des situations mettant mal à l’aise le spectateur.
Le 14 novembre 1968, l’artiste performeuse VALIE EXPORT se tient debout sur la Karlplatz de Munich, au milieu de la foule. Elle porte en guise de vêtement une boîte en carton munie d’un rideau, évoquant un téléviseur cathodique. Dans cette performance intitulée Tapp und Tastkino Biograph, les passants sont invités à passer leurs mains au travers pour toucher sa poitrine. Dans Tapp und Tastkino Biograph, l’espace public devient alors une salle obscure, les mains se substituant aux yeux. La séance, limitée à 30 secondes, est contrôlée par Peter Wiebel, faisant ainsi office d’ouvreur. Sur le Stachus, cette action de rue ne laisse pas indifférent. En cette période où la population est divisée par le conservatisme et la révolution sexuelle, l’œuvre de la performeuse autrichienne ne suscite pas que des réactions positives. Certains iront même jusqu’à la comparer à une prostituée.
Jouer avec son corps est d’ailleurs une manière de s’approprier son image. C’est ce que fait l’artiste-écrivain canadien Lyle Reimer sur Instagram, en se créant des masques extravagants à partir d’objets recyclés qu’il reçoit. Il s’interroge sur la valeur d’un objet, ce qui fait que l’on décide de s’en débarrasser. Pourquoi ce dernier, si important à nos yeux, peut perdre de sa valeur au fil du temps. Il serait intéressant de faire un parallèle avec l’usure des relations humaines. Telle une prolongation de ces émotions, l’artiste utilise sont visage comme une toile. Avec ses sculptures faciales, il dévoile son moi profond. Ancien maquilleur professionnel, il collabore aujourd’hui avec les plus grandes Maisons de couture. Une revanche sur son enfance passée dans un petit village au Sud du Canada, où les questions de genres et identitaires étaient problématiques. Dans son travail, l’artiste joue avec les codes liés à des univers contradictoires, créant ainsi des personnages aux histoires hors du commun.
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