L'image du jour
Parfois, une image vaut bien plus que mille motsL’image du jour: (when) time turns, space turns de Adjoa Armah
L’exposition collective ‘After the Mediterranean’ chez Hauser & Wirth à Minorque organisée par le commissaire, écrivain et chercheur en art Oriol Fontdevila, réunit sept artistes méditerranéens dont le travail aborde les problèmes sociaux et écologiques affectant la région Méditerranéenne.
L’image du jour: The sorrow of the Decision to Flee de Tang Shuo
Cet automne, la galerie Fabienne Levy présente en deux volets Shadow of Boulder Hill, une exposition personnelle de l’artiste chinois Tang Shuo. Dans les deux espaces, genevois et lausannois, on est immergé dans l’histoire de Boulder Hill, la région natale de l’artiste. Pour cette série de toiles, Tang Shuo narre l’histoire des conflits qui ont secoué Boulder Hill, notamment lors de l’établissement du régime communiste dans la république de Chine.
L’image du jour: Mohammed the potter collecting wood de M’hammed Kilito
des oasis marocaines et narre la vie quotidienne de ses habitants. Depuis plusieurs années, le réchauffement climatique perturbe l’équilibre ces écosystèmes si fragiles. En effet, selon les statistiques officielles du ministère marocainde l’Agriculture, au cours du siècle dernier, le Maroc a déjà perdu les deux tiers de ses 14 millions de palmiers. Dans cette deuxième série consacrée aux oasis, M’hammed Kilito s’est intéressé à l’impact du manque d’eau sur la végétation de plusieurs oasis, dont celui de Skoura et aux conséquences de cette sécheresse sur ses habitants. Dans Mohammed the potter collecting wood, le photoreporter brosse le portrait de Mohammed, un potier qui peine à exercer son activité.
L’image du jour: La marche nuptiale de Lucifer de Yannick Lambelet
Issue de l’exposition « Peinture épistolaire und plastische Transplantation » La marche nuptiale de Lucifer (2023) fait écho à l’une des œuvres de Pat Noser. En effet, pour cette exposition, les deux artistes sont entrés dans une correspondance picturale confrontant leurs deux univers. Des éléments de chez l’un et chez l’autre se sont intégré dans leur peinture. À découvrir ce vendredi 18 août à la galerie Da Mihi.
L’image du jour: Another Punished de Jeanette Mundt
L’œuvre de Jeanette Mundt fait parfaitement écho à notre culture iconographie en perpétuelle évolution. Dans ses peintures, l’artiste américaine mêle des images trouvées sur google, flickr et dans les magazines à ses photographies personnelles. Elle confronte ainsi le monde numérique à un univers plus intime, dépeignant ainsi les habitudes téléphoniques liées à notre époque.
L’image du jour: Deflate de Till Rabus
Sous ce soleil de plomb, difficile de ne pas résister à l’idée d’aller piquer une tête dans la piscine. Pour ceux qui travaillent en ce moment, octroyez-vous une petite pause rafraîchissante devant Deflate de Till Rabus. L’artiste suisse a pour habitude de détourner la nature morte classique avec des objets du quotidien datant de notre époque. Ici, ce sont des bouées à moitié dégonflées, voire fripées qui remplacent les fleurs habituellement présentes sur les vanités. L’artiste aime intégrer dans ses toiles des objets issus de la culture populaire. De cette manière, il dresse le portrait d’une époque dont les préoccupations, aussi futiles qu’elles puissent paraître, diffèrent peu des générations précédentes. Dans une métaphore humoristique de la fatalité humaine, les plis des bouées rappellent également les paysages taris par la sécheresse de l’été.
L’image du jour: Somnyama Ngonyama de Zanele Muholi
Zanele Muholi, vivant et travaillant en Afrique du Sud, se définit comme une activiste visuelle. Dans son art, elle met en lumière la communauté LGBTQIA+ sud-africaine et documente les atrocités perpétrées à l’encontre des personnes trans et lesbiennes. Elle s’intéresse également à la perception qu’a la communauté blanche sur les personnes de couleur. Dans la série d’autoportraits Somnyama Ngonyama (Salut la lionne noire en Zulu) débutée en 2015, elle se met en scène avec des objets trouvés en les portant de manière détournée de leur usage initial. De ce fait, elle rappelle que les colons insistaient pour que les africains portent des tenues traditionnelles lorsqu’ils les prenaient en photo. Dans cette série de photographies, Zanele Muholi renforce également la noirceur de sa peau grâce à un procédé numérique. L’artiste joue ainsi avec les stéréotypes subsistant encore autour du corps et de la culture noirs.
L’image du jour: Troposphere #2 de André Hemer
L’artiste germano-néo-zélandais André Hemer explore les intersections entre les médias numériques et la peinture. Dans son travail, il combine numérique et analogique en scannant des traces de peintures à même la vitre d’un scanner plat. Les scans sont par la suite imprimés sur la toile et fonctionnent comme une sous-couche sur laquelle il applique à nouveau de la peinture acrylique, créant ainsi un dialogue entre la matière et l’image digitale. Les œuvres de l’artiste témoignent des changements s’opérant dans l’iconographie cybernétique. Il s’intéresse tout particulièrement à l’imagerie post-internet dont il essaye d’en synthétiser les préoccupations.
L’image du jour: “There are no homosexuals in Iran” de Laurence Rasti
”En Iran, nous n’avons pas d’homosexuels comme dans votre pays” , déclarait l’ancien président iranien Mahmoud Ahmadinejad le 24 septembre 2007 à l’université de Colombia. Cette phrase n’est pas entrée dans l’oreille d’un sourd, puisque l’artiste d’origine iranienne Laurence Rasti sort un livre intitulé There Are No Homosexuals in Iran en 2017. Dans cet ouvrage, on retrouve des portraits de couples homosexuels iraniens ayant fuit le pays pour vivre leur amour librement ainsi que leurs témoignages recueillis par l’artiste. Les couples photographiés se sont réfugiés à Denizli en Turquie, seul moyen de vivre leur amour au grand jour, l’homosexualité étant passible de mort en Iran. Seule la trans-sexualité est tolérée, puisqu’elle est considérée comme une pathologie. On retrouve le végétal, fil rouge de l’exposition à travers les motifs des tissus, mais aussi par les plantes présentes sur les photos qui, tout en masquant l’identité des couples, renforcent le sentiment que leur amour est tenu de demeurer secret. Sur une des photos, l’un des protagonistes porte d’ailleurs des vêtements à l’imprimé camouflage. Ayant grandi et étudié en Suisse, l’artiste s’interroge sur les questions identitaires et culturelles qui régissent ses deux pays. Par son métissage, elle est encore plus confrontée aux différences qui subsistent entre Orient et Occident. Ici, la nature s’exprime aussi par le désir de révéler sa véritable nature. Au delà des motifs végétaux, elle est omniprésente sur chaque cliché, évoquée d’une manière poétique empreinte de légèreté.
L’image du jour: Interaction de Sofia Yeganeh
Et si les émotions se manifestaient de manière colorimétrique. Dans sa pratique, l’artiste anglo-iranienne Sofia Yeganeh explore les thèmes identitaires liés au corps humain et à la nature de façon personnelle. Elle s’intéresse plus particulièrement au corps féminin dans Interaction où l’enveloppe charnelle s’exprime librement grâce aux mesures d’une caméra thermique. Les silhouettes sont soulignées et traversées de broderies, un savoir-faire ancestral très présent dans l’art contemporain iranien. Cet ajout de médium crée alors une interaction entre les éléments de l’œuvre, mais aussi entre le passé et le présent. Ici, on imagine que ces esquisses de fil fonctionnent comme des ondes musicales venant casser le rythme de la composition. Dans un swing acidulé, une jeune femme danse au son des couleurs, la chaleur émanant de son for intérieur réchauffe les nuances bleutées de la toile qui se mue ainsi en une partition de musique populaire.
L’image du jour: Slippery Descent de Will Cotton
Et si le Far West se parait de couleurs tendres et que les cowboys chevauchaient des licornes ? Serions-nous dans l’utopie d’un monde meilleur ? Certainement ! Mais en attendant, il faudra se contenter des toiles de l’artiste américain Will Cotton. Véritable satire à la fois douce et acidulée de la pop culture, Slippery Descent bouscule les codes du mythe américain. Dans une chevauchée onirique, un cowboy hypersexualisé descend une pente glissante où les rochers devenus crème glacée sont ornés de « Froot Loops ». Sommes-nous dans l’expression d’un désir gourmand où l’orgasme serait symbolisé par des douceurs industrielles ? Une chose est certaine, l’artiste mêle avec brio les codes queer au rêve américain, réinventant ainsi une nouvelle iconographie populaire.
L’image du jour: Anguèli de Moufouli Bello
Avec Anguèli, l’artiste béninoise Moufouli Bello nous entraîne dans un univers aux couleurs acidulées. Depuis longtemps, l’artiste s’intéresse aux inégalités sociales, mais aussi à la place de la femme noire dans la société. Elle a pour habitude de prendre pour modèle des femmes de son entourage, qu’elle peint dans des tons bleutés. Souvent, un élément se distingue par ses teintes chaudes, contrastant ainsi l’ensemble de la composition. Dans Anguèli, une femme aux ailes d’ange nous observe droit dans les yeux. Le spectateur est confronté directement au regard de la protagoniste et ne peut s’en soustraire. De la sorte, il se crée une proximité avec ce dernier. l’artiste s’affranchi des représentations habituelles de la femme africaine portant une amphore ou un enfant. Les femmes de Moufouli Bello sont fortes, libérées de tout cliché.
L’image du jour: Ewa Juszkiewicz
Parfois, l’histoire de l’art s’évertue à réparer l’invisibilisation et le manque de reconnaissance dont des centaines d’artistes femmes ont été victimes durant des décennies. Est-ce pour ces raisons qu’Ewa Juszkiewicz substitue les visages de ses portraits féminins par des fleurs? Y-a-til un élan féministe dans le geste de mettre en avant la peinture de Élisabeth Vigée Le Brun et Adélaïde Labille-Guiard, bien moins mises en lumière que leurs confrères masculins. Une chose est certaine, Ewa Juszkiewicz n’a rien à envier aux maîtresses de la nature morte dont elle s’inspire telles que Clara Peeters et Margareta Havermandont. De cette manière, elle met à la fois en lumière le manque de visibilité des femmes ayant marqué l’histoire, tout en rendant hommage aux femmes artistes.
L’image du jour: Le ciel est par-dessus le toit de Walter Schmid
Walter Schmid dépeint la cruauté de la condition carcérale et le désespoir dans sa dernière exposition personnelle Les geôles de Thanatos chez andata.ritorno. La puissance émanant des oeuvres de l’artiste genevois ne laisse pas indifférent. Le spectateur est comme écrasé par ces toiles monumentales dont le support révèle une certaine fragilité.
L’image du jour: Rosie Gibbens
Détourner les objets usuels pour en révéler leur potentiel sexuel, c’est le quotidien de Rosie Gibbens. Des chaises de bureau deviennent partenaires sexuels afin de révéler l’ennui de l’univers administratif. Les tâches ménagères sont tournées en ridicule afin d’en dénoncer leur absurdité et le sexisme qu’elles véhiculent. Dans ses performances, l’artiste britannique donne de sa personne, n’hésitant pas à créer des situations mettant mal à l’aise le spectateur.
L’image du jour: Tapp und Tastkino Biograph de VALIE EXPORT
Le 14 novembre 1968, l’artiste performeuse VALIE EXPORT se tient debout sur la Karlplatz de Munich, au milieu de la foule. Elle porte en guise de vêtement une boîte en carton munie d’un rideau, évoquant un téléviseur cathodique. Dans cette performance intitulée Tapp und Tastkino Biograph, les passants sont invités à passer leurs mains au travers pour toucher sa poitrine. Dans Tapp und Tastkino Biograph, l’espace public devient alors une salle obscure, les mains se substituant aux yeux. La séance, limitée à 30 secondes, est contrôlée par Peter Wiebel, faisant ainsi office d’ouvreur. Sur le Stachus, cette action de rue ne laisse pas indifférent. En cette période où la population est divisée par le conservatisme et la révolution sexuelle, l’œuvre de la performeuse autrichienne ne suscite pas que des réactions positives. Certains iront même jusqu’à la comparer à une prostituée.
L’image du jour: Lyle Reimer
Jouer avec son corps est d’ailleurs une manière de s’approprier son image. C’est ce que fait l’artiste-écrivain canadien Lyle Reimer sur Instagram, en se créant des masques extravagants à partir d’objets recyclés qu’il reçoit. Il s’interroge sur la valeur d’un objet, ce qui fait que l’on décide de s’en débarrasser. Pourquoi ce dernier, si important à nos yeux, peut perdre de sa valeur au fil du temps. Il serait intéressant de faire un parallèle avec l’usure des relations humaines. Telle une prolongation de ces émotions, l’artiste utilise sont visage comme une toile. Avec ses sculptures faciales, il dévoile son moi profond. Ancien maquilleur professionnel, il collabore aujourd’hui avec les plus grandes Maisons de couture. Une revanche sur son enfance passée dans un petit village au Sud du Canada, où les questions de genres et identitaires étaient problématiques. Dans son travail, l’artiste joue avec les codes liés à des univers contradictoires, créant ainsi des personnages aux histoires hors du commun.
L’image du jour: Rebellious Silence de Shirin Neshat
Il y a des images qu’il n’y a plus besoin de présenter: Rebellious Silence (1994) en fait partie. La veille de la journée internationale des droits de la femme, Le Chat Perché tenait absolument à partager cette œuvre, si actuelle et chère à son coeur ♥️. Lorsqu’elle a 17 ans, Shirin Neshat part étudier au États-Unis, mais entre-temps, en 1979, la révolution islamique éclate et elle ne pourra jamais revenir dans son pays d’origine. Dans la série Women of Allah, des récits conceptuels sur les femmes guerrières qui ont combattu cette révolution, l’artiste pose en dévoilant des parties de son corps. Sur chaque cliché, elle inscrit un texte calligraphique en farsi sur les yeux, le visage, les mains, les pieds ou encore la poitrine. Ces textes de poètes iraniens contemporains ont pour sujet le martyre et le rôle des femmes dans la Révolution. En prêtant son corps et en posant, elle assume ainsi le rôle d’interprète. Ces photographies sont devenues des portraits emblématiques militants. Malgré la puissance que dégage les images, chaque regard soumis de femme, suggère une réalité beaucoup plus complexe et paradoxale derrière la surface.
L’image du jour: Cinnamon sky #ariel (girl) de Yannick Lambelet
Chez Yannick Lambelet, le masque fétichiste devient revendicateur d’un type de sexualité que les accessoires fétichistes ont ici pour vocation de rendre visible. Depuis toujours, l’artiste suisse met un point d’honneur à introduire des accessoires BDSM dans ses toiles afin de dépoussiérer les tabous qui subsistent encore autour de la sexualité. Ici l’objet devient porte-parole. Grâce à ses mises en scène picturales, il rend visible des minorités et fait découvrir les codes LGBTQIA+ au grand public. Chez Lambelet, l’accessoire occupe une place centrale. Dans Doggy style (2019), il en devient même le sujet principal, car il relie l’humain à son animalité, avec une touche d’humour que l’on retrouve partout dans son travail de peintre. L’artiste aime également mettre en scène ses protagonistes dans des positions suggérant des actes fétichistes. C’est le cas avec Cinnamon sky #ariel (girl) (2019), où l’ont découvre deux femmes se léchant les pieds avec une insertion de la Petite sirène découvrant pour la première fois son pied. Dans une deuxième lecture, ont découvre que la fétichisation d’une partie de son anatomie lors de l’apprentissage de son corps et l’apprivoisement de sa sexualité vont de pair. Ces sujets, si profond et tabous, sont dédramatisés grâce aux couleurs et à la légèreté avec lequel l’artiste arrive à les illustrer.
L’image du jour: En cascade de Vanessa Riera
Avec une installation monumentale composée de 500 jeans morcelés, Vanessa Riera bouscule nos certitudes en matière de consommation. Telle une réponse à la déferlante de pollution liée à l’industrie de textile, En cascade (2023) vise à nous faire prendre conscience de cette problématique. En effet, nous ne rappellerons jamais assez qu’il nécessite entre 7’000 à 10’000 litres d’eau pour la fabrication d’un pantalon en denim et que du champ de coton au magasin, ce dernier parcourt en moyenne 65’000 kilomètres. A cela s’ajoute le sablage pour les jeans délavés, dont les inhalations provoquent la silicose chez les ouvriers. On retrouve les mêmes intoxications avec la technique du Stone wash, où les jeans sont usés dans une grande machine à laver à l’aide de pierres ponces. Tous ces procédés classent malheureusement le jeans au sommet des pièces les plus polluantes de notre dressing. L’impact de la production textile sur l’environnement et l’humain a conduit Vanessa Riera à utiliser uniquement des pièces d’occasion issues de la fast fashion.